Gravure de Léopold Massard (?) et texte, provenant de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Jeanne d’Albret, reine de Navarre, fille et unique héritière de Henri d’Albret, avait pour dot le royaume de Navarre, le Béarn, les pays d’Albret, de Foix, d’Armagnac, et plusieurs autres grandes seigneuries.
Charles-Quint la demanda en vain pour Philippe II, son fils ainé ; il était réservé à Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, descendant de saint Louis, de s'unir avec Jeanne. Leur mariage fut célébré à Moulins en 1548. Antoine étant dès lors engagé dans la nouvelle doctrine de Calvin, Jeanne, qui dans la suite l’embrassa avec tant d’ardeur, et la soutint avec opiniâtreté, lui conseilla, suivant Brantôme, « de ne point s’embarrasser de toutes ces nouvelles opinions. » Elle le suivit au camp de Picardie, dont il était gouverneur, et où il allait commander une armée contre Charles-Quint. Ce fut là que Jeanne devint enceinte de Henri IV. Son père, Henri d’Albret, la rappela aussitôt auprès de lui. Jeanne arriva à Pau le 4 décembre 1555, et le 14 du même mois elle mit au monde Henri IV. On sait que le roi son père lui avait fait promettre qu’elle chanterait au moment d’accoucher, et qu’elle tint parole.
En 1555, elle succéda avec son mari à Henri d’Albret, dans la souveraineté de la Basse-Navarre et du Béarn. Les deux époux étaient alors à la cour de France, et ce ne fut pas sans peine qu’ils purent se rendre à Pau pour s’y occuper du gouvernement de leur petit royaume. Deux ans après ils reparurent à la cour de Catherine de Médicis. Des troubles ayant éclaté sous la régence de cette reine, le roi de Navarre fut nommé lieutenant général du royaume, et fut tué au siège de Rouen. Jeanne d’Albret retourna en Béarn, où elle régna seule, et où elle donna en 1567 un édit pour l’établissement du calvinisme dans son royaume. Enfin, se déclarant ouvertement la protectrice du parti huguenot, elle vint à La Rochelle en 1569 avec son fils, qu’elle dévoua dès lors à la défense de la nouvelle doctrine.
La cour de France, voulant faire tomber les Huguenots dans un piège, en attirant leurs chefs à Paris, proposa, pour gage d’une réconciliation, le mariage du jeune Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, sœur de Charles IX. Jeanne après avoir hésité longtemps, y consentit et se rendit à Paris. Ce fut là le terme de sa carrière : deux mois avant la Saint Barthélemy, elle mourut dans la capitale, âgée de quarante-quatre ans, et après une maladie de cinq jours. On la crut empoisonnée avec une paire de gants : mais les gens de l’art qui ouvrirent son corps n’y trouvèrent aucune trace de poison, et attribuèrent la véritable cause de sa mort à un abcès qui s’était formé au côté.
Telle fut la fin prématurée de cette reine, dont l’âme toute virile n’était point sujette aux faiblesses et aux défauts des autres femmes. A un caractère ferme jusqu’à l’opiniâtreté, elle joignait des talents rares et un esprit orné.
Son costume : Le costume de Jeanne d’Albret se compose de deux robes. Celle de dessus est noire et porte d’amples manches d’hermine blanche ; celle de dessous est de damas blanc, mais la partie qui recouvre les avant-bras est ornée de bandes blanches brodées or. La coiffure argent est ornée de pierres précieuses ; le voile qui y est attaché est violet-clair. La guimpe est surchargée de broderies or ; le collier, les ornements du devant de la robe, les bracelets et la ceinture sont formés de perles blanches et de pierreries enchâssées d’or.
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