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Les limites de la Bretagne par Jules Janin


 

Couverture de la Bretagne de Jules Janin - Reproduction © Norbert Pousseur

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Cap Saint-Mathieu en Bretagne - Reproduction © Norbert Pousseur
Cap Saint-Mathieu

La côte nord de la Bretagne commence aux grèves du Mont-Saint-Michel, qui la séparent de la Normandie, son ancienne et formidable rivale. La limite est digne des deux provinces : forteresse imprenable, voilà pour la Normandie; formidable écueil, voilà pour la Bretagne.
A partir de ce point terrible, le regard, épouvanté, s'arrête sur une côte hérissée de rochers et percée de baies profondes; vous comprenez, rien qu'à suivre ces choses bouleversées, que le flot de la mer s'en est rendu maître par la violence.
En effet, le continent a perdu tout l'espace, aujourd'hui recouvert par les flots, qui s'étend entre la Normandie, les îles de Jersey et la côte bretonne.
Là s'élevait, profonde, remplie de ténèbres et de mystères, la forêt de Scissy, cette terre des fables et des miracles dont parlent les légendes. On trouve encore, le long de ces grèves, à quelques pieds sous le sable, des arbres entiers ensevelis par la mer, irrécusables vestiges de ce déluge dont l'histoire n'a gardé qu'un vague souvenir.
Le cap Frehel, pâles rochers que l'on prendrait de loin pour autant de fantômes, grottes profondes habitées par des géants, est la partie la plus pittoresque de cette côte, dont le sillon de Talberg est le point le plus avancé. Des îles nombreuses, des écueils noirs et tranchants, des bruits d'une ardeur sauvage, semblent défendre cette terre solennelle, où viennent se briser incessamment les vagues vertes et saccadées de l'océan Britannique.

A l'ouest et au sud de la Bretagne se déroulent les flots de l'Atlantique. Cette fois encore le paysage prend un aspect plus sauvage, les côtes s'élèvent plus désolées et plus menaçantes, ce ne sont que souvenirs lugubres, tristesses infinies, histoires de funérailles et d'horribles catastrophes. Qui pourrait compter les marins engloutis entre le cap Saint-Matthieu et la baie des Trépassés? qui pourrait dire les naufragés massacrés par les pilleurs de mer entre les brisants de l'île de Sein et l'embouchure de la Loire? Ce fleuve, qui sépare le Poitou de la Bretagne, continue au midi les limites de cette province, dont les marches de l'Anjou, du Maine et de la Normandie forment la frontière continentale.

 

Carte de la Bretagne vers 1880, par Jules Janin, agrandissable par zoom


Le sol de la Bretagne est tout hérissé d'accidents pittoresques: collines, plaines, montagnes, ruines, déserts, fraîche verdure, profonds silences, vaste campagne, vaste nature. La province est traversée, dans la direction de l'ouest, par deux chaînes de montagnes peu élevées. De ces hauteurs plus humaines descendent toutes sortes de petits ruisseaux sans nom qui arrivent à la mer aussi inconnus qu'au départ. Ces beaux petits filets d'eau, d'une limpidité si charmante, rafraîchissent le paysage: paysage rempli d'une sauvage grandeur, de surprises naturelles, de souvenirs; les bruyants orages passent sur la tête du laboureur sans la toucher; ciel nuageux; mais, quand le rayon vainqueur perce la nue, toute la limpidité éclatante des soleils du Nord.


 

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