Accueil Présentation Contenu Galerie Répertoire Lieux Thèmes

 

Quelques statues d'Angers


René d'Anjou, par Cordelier Delanoue, publié chez Mame en 1851



couverture de l'histoire de René d'Anjou    - scan  Norbert Pousseur     statue de René d'Anjou - © Norbert Pousseur      Page de garde de René D'anjou   - scan  Norbert Pousseur
RENÉ D'ANJOU

CHAPITRE I (suite 2)
LA RUE BARBETTE

Ce nom, que frère Jacques Legrand n'avait pas osé prononcer, le peuple le nommait tout haut dans son aversion. A ce nom-là les imprécations, les malédictions circulaient dans la foule. On se disait que la reine encourageait par de coupables complaisances les exactions de ce favori ; on lui imputait les désastres du royaume, l'augmentation progressive des impôts, les vexations tyranniques exercées contre les bourgeois et paysans pour la perception des nouvelles tailles : on lui imputait tout, jusqu'à la démence, jusqu'à la maladie du roi. Quelques-unes de ces accusations étaient peut-être exagérées. Cependant, au dire des personnes les plus graves et les plus dignes de foi, un vol avait été commis dans la tour du Louvre : tout l'argent provenant de l'avant-dernière taille avait été dérobé par le duc d'Orléans, et employé à ses dépenses particulières. Une nouvelle taille ayant été la conséquence forcée de ce larcin, elle avait été résolue, criée et publiée au nom du duc et de la reine, qui gouvernaient de concert, ou, pour mieux dire, de complicité. On ajoutait que des charrettes chargées d'argent avaient été arrêtées à Metz prêtes à franchir la frontière; qu'ainsi le produit de cette dernière taxe, dérobé comme l'autre, avait été livré à l'étranger. Le bruit courait, enfin, qu'un philtre avait été versé dans la coupe du roi Charles VI par la femme du duc d'Orléans, et que ce breuvage avait affaibli la volonté du monarque et détruit sa raison ; toutes ces choses se disaient, se répétaient, s'accréditaient, et chacune de ces manifestations de la haine vouée par le peuple au duc d'Orléans, allait réjouir le cœur du duc de Bourgogne.
Car tels étaient les deux grands rivaux, les deux grands adversaires du moment. Louis d'Orléans et  Jean Sans-Peur, tous les deux du même âge ( ils avaient alors trente-six ans ), étaient en possession, l'un de toute l'exécration, l'autre de toute la sympathie populaire. Jean, fils aîné du duc Philippe-le-Hardi, avait hérité de toute la haine de son père contre le duc d'Orléans. Jean était aussi sévère, aussi réglé dans ses mœurs que Louis était relâché et dissolu dans les siennes. Admis ensemble au conseil du roi, toujours l'avis de l'un était combattu par l'autre. De graves dissentiments éclatèrent souvent entre les deux princes. Lorsque, grâce à l'appui de la reine, Louis d'Orléans se fit nommer lieutenant-général du royaume, l'inimitié du duc Jean, jusque-là contenue, redoubla de violence. Affectant d'abandonner à son rival le gouvernement des affaires intérieures, il réclama impérieusement la conduite des opérations militaires ; puis s'élevant avec énergie contre la nouvelle taille proposée par le duc d'Orléans, il déclara que quant à lui il ne souffrirait pas que ses sujets de Bourgogne et de Flandres en fussent grevés, et qu'il était décidé à contrôler l'emploi illégitime qui avait été fait des tailles précédentes..
Ces paroles trouvaient de l'écho dans les masses mécontentes, et rendaient le nom de Jean de Bourgogne de plus en plus populaire. Au contraire, Louis d'Orléans, voué à la haine de tous et craignant pour sa propre sûreté, ne sortait plus qu'accompagné de gens d'armes. Il fit même notifier, à son de trompe, défense à tous bourgeois, manants ou habitants de porter ni épée, ni coutelas, ni autre arme quelconque.
Mais le peuple ne laissait pas pour cela de manifester son opinion, et, s'en prenant aux attributs adoptés par les deux princes eux-mêmes, et figurant sur leurs bannières comme symboles de leur antagonisme déclaré, il poursuivait de ses risées le Bâton noueux, emblème choisi par le duc d'Orléans, et glorifiait le Rabot, cette réponse moqueuse , arborée comme un défi sur les pennons du duc de Bourgogne.
                                                          Suite du texte suite

page précédente de l'histoire de René d'Anjou                     page suivante de l'histoire de René d'Anjou

 

 

Haut de page

 

droits déposés
Dépôt de Copyright contre toute utilisation commerciale
des photographies, textes et/ou reproductions publiées sur ce site
Voir explications sur la page "Accueil"

Plan de site Recherches Liens e-mail