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L'Hôtel de Ville de Paris avant 1836


L'Hôtel de ville de Paris vers l'an 1600 - reproduction © Norbert Pousseur
L'Hôtel de Ville vers l'an 1600

Article extrait de "Paris à travers les siècles"
Par Henri Gourdon de Genouillac
(édition 1879 - F. Foy éditeur)

Puisque nous décrivons l'Hôtel de Ville décoré des armes municipales, donnons la signification de ces armes : le chef d'azur, semé de fleurs de lis d'or, montre que Paris est la capitale de l'ancien duché et de tout le royaume de France. Les fleurs de lis sans nombre, indiquent qu'elles sont sur l'écu municipal antérieurement à Charles V, qui réduisit à trois les fleurs de lis de l'écu royal ; c'est Louis IX qui accorda à la ville le droit de porter ce chef dans ses armes. Le vaisseau d'argent, sur une onde aussi d'argent, représente l'antique Lutèce, qui fut consacrée dès le temps des Romains au culte d'Isis, déesse de la navigation, et qui dut sa naissance et ses accroissements au commerce par eau. C'est d'ailleurs, le symbole de sa corporation de mariniers.  Revenons au pavillon de l'Horloge; cette partie de l'édifice fut restaurée et reconstruite en 1864 et 1865. Un escalier de pierre , placé sous l'horloge, montait à une cour intérieure décorée d'arcades, au-dessus desquelles étaient des inscriptions gravées en lettres d'or et rappelant les victoires de Louis XIV (elles avaient été rédigées par André Félibien, père de l'historien). Sous une de ces arcades, celle qui faisait face à l'entrée de l'Hôtel, se trouvait la statue pédestre en bronze de ce roi, par Antoine Coysevox. Louis XIV, habillé en triomphateur romain, portait la perruque en usage au XVIIe siècle. Cette statue, mutilée en 1793, fut cachée dans les magasins du Roule ; à la fin de 1814, elle fut, après avoir été restaurée par MM. Dupasquier, sculpteur, et Thomire, fondeur, rétablie à son ancienne place.

Cette cour offrait aussi les portraits en médaillons de plusieurs prévôts des marchands. Il en restait encore quelques-uns en 1817, mais depuis, la cour ayant été restaurée, les portraits disparurent.

Un campanile élégant surmontait le pavillon ; en 1781 il y fut placé une horloge de Jean André Lepaute. Le cadran était éclairé pendant la nuit ; ce campanile fut refait sur de plus grandes proportions, par M. Baltard, en 1866; sa hauteur au-dessus du sol était de 55 mètres ; des trois cloches qu'il contenait, l'une, fondue en 1610, pesait 4000 kilogrammes.

Déjà, au XVIIIe siècle, l'Hôtel de Ville avait paru insuffisant, et en 1749, il fut question de le rebâtir sur un plan plus vaste, de l'autre côté de la Seine, sur l'emplacement de l'hôtel de Conti (Hôtel des Monnaies). Un arrêt du Conseil du 22 août 1750, autorisa l'acquisition de l'emplacement moyennant 160,000 livres, mais il ne fut pas donné suite à ce projet qui avait rencontré dans le public une très vive opposition. En 1770, on songea de nouveau à l'agrandissement du Palais municipal; un arrêt du Conseil du 11 janvier prescrivit cet agrandissement ; on y lit : « sur ce que les prévôts des marchands et échevins de la ville ont représenté que l'hôtel Commun n'est pas d'une étendue proportionnée à la magnificence de la capitale, et ses bâtiments se trouvant d'ailleurs insuffisants pour les opérations qui s'y font journellement, et notamment pour le paiement des rentes dues par Sa Majesté, il doit être, conformément audit plan, construit une nouvelle façade audit Hôtel de Ville, en face de la rivière, et ajouté une aile à la jonction des rues Jean-de-l'Épine et de la Vannerie, etc. »

Malheureusement l'époque n'était pas propice : on manquait de fonds. La Révolution survint sans qu'on eût rien exécuté, et, sous le Consulat, le préfet de la Seine vint prendre possession de l'ancienne demeure du prévôt des marchands. — La suppression de l'hôpital du Saint-Esprit et de l'église Saint-Jean, permit d'attribuer leurs locaux aux bureaux de la Préfecture, ainsi que le constate une délibération des Consuls du 5 frimaire an XI : « les bureaux de la Préfecture du département de la Seine, ceux de la Commission des contributions et du Conseil de préfecture, seront transférés à l'Hôtel de Ville de Paris, et ! dans les bâtiments du Saint-Esprit, avant le 1er germinal. — Art. 2. Les registres et papiers du domaine national seront transférés dans les bâtiments de Saint-Jean en Grève. »

Un décret de l'Empire du 24 février 1811, porta : « Il sera fait à l'Hôtel de Ville de Paris les augmentations convenables pour que dorénavant, dans les fêtes municipales, il ne soit plus nécessaire de faire des constructions provisoires; ces travaux seront commencés cette année.» Ils le furent en effet, sous la direction de l'architecte Molinos, et une distribution nouvelle eut lieu dans les principales parties de l'édifice, et l'hôtel particulier du préfet de la Seine fut édifié sur l'emplacement de l'hôpital du Saint-Esprit. On y remarquait trois salons décorés d'un style uniforme, et qui, séparés par des cloisons mobiles, pouvaient se réunir à volonté pour ne former qu'une seule pièce qu'on nommait Salle des Fastes.

Malgré ces additions, et quelques autres de moindre importance qui s'effectuèrent sous la Restauration, l'Hôtel de Ville ne suffit point encore à l'accroissement des divers services administratifs ; on fut obligé de faire l'acquisition d'une propriété voisine et de louer une maison de la rue Lobau, mais tous ces palliatifs laissaient subsister le besoin d'un nouveau palais municipal digne de la grande cité ; d'un autre côté, l'Hôtel de Ville était entouré d'un pâté de maisons hideuses, établies le long de ruelles étroites, sordides, où le soleil ne pénétrait jamais ; sortes de cloaques infects où languissait toute une population étiolée; le gouvernement de Louis-Philippe se résolût enfin à mettre l'Hôtel de Ville en harmonie avec les splendeurs de la capitale, et le Conseil municipal donna son approbation au projet d'agrandissement qui lui fut soumis et dont le principal mérite était de laisser intact le monument primitif.

Une ordonnance royale fut rendue à cet effet, le 24 août 1836, et les travaux commencèrent sous la direction de MM. Godde et Lesueur, architectes. Les constructions nouvelles couvrirent l'emplacement de l'ancien hôpital du Saint-Esprit, de l'ancienne église Saint-Jean et d'une grande quantité de maisons particulières. Elles comprenaient, sur la place de l'Hôtel de Ville, deux nouveaux corps de bâtiments attenant à des pavillons d'angle; au nord, sur la rue de Rivoli, et au sud,  sur le quai de la Grève, deux longues galeries latérales qui reliaient la façade de la place à une nouvelle façade élevée place Lobau. La forme de l'ensemble était celle d'un immense parallélogramme que des bâtiments transversaux divisaient intérieurement en trois corps parallèles.

L'architecture - l'Hôtel de ville de Paris - reproduction © Norbert Pousseur
Gravure-vignette de l'ôtel de ville au 17ème siècle

Voir les statues des personnages célèbres situés sur les façades de l'Hôtel de Ville de Paris

Suite du texte sur l'hôtel de ville de Paris suite

Hôtel de ville en 1580 - Paris historique - Mame - reproduction © Norbert Pousseur
Hôtel de ville en 1580, dessiné par Girardet
in "Histoire de Paris et de ses monuments" par Eugène de la Gournerie - Mame 1886

 


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