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Le Plutarque français


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Page de garde du Plutarque français - Reproduction © Norbert Pousseur

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LE
PLUTARQUE
FRANÇAIS,


VIES DES HOMMES ET FEMMES ILLUSTRES
DE LA FRANCE,


Avec leurs Portraits en pied ;

PUBLIÉ
PAR ED. MENNECHET.

TOME PREMIER.


Ange claironnant


A PARIS,
DE L’IMPRIMERIE DE CRAPELET, RUE DE VAUGIRARD, N° 9

1836.

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INTRODUCTION AU PLUTARQUE FRANÇAIS.

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La gloire d’un pays n’est pas seulement dans les grandes choses qu’il exécute, elle est encore dans les grands hommes qu’il pro­duit. L’éclat des victoires s’altère ou s’efface : un jour de revers anéantit un siècle de conquêtes : les cités s’écroulent et laissent à peine des ruines pour témoigner de leur grandeur : les peuples disparaissent, et souvent un vain nom est tout ce qui reste de leur existence éphémère. Mais lorsque naît un grand homme, c’est une gloire impérissable acquise à sa patrie. Otez à l’ancienne Grèce le souvenir de ses grands hommes, qui parlerait de ses victoires ? qui visiterait ses ruines ? qui remuerait ses cendres ? Interrogez le voya­geur, l’artiste, le poète qu’un saint enthousiasme conduit parmi les décombres et les débris de l’antique civilisation : que chercheront ses pas ? que demanderont ses regards ? Est-ce le champ de bataille de Marathon, de Leuctres ou de Mantinée ? non, mais la tribune où tonnaient Eschine et Démosthène, mais le jardin où Socrate et le divin Platon enseignaient la sagesse et la vertu, mais le théâtre où Sophocle et Euripide pénétraient tout un peuple de terreur ou de pitié, mais le rivage où le vieil Homère, aveugle et pauvre, racontait aux fils les exploits de leurs pères, dans une poésie sans modèle et sans rivale : voilà les lieux qu’il cherche et qu’il demande ; et s’il s’arrête un moment au pied du rocher des Thermopyles, c’est qu’il croit y voir apparaître la grande ombre de Léonidas.

Oui, c’est par les grands hommes qu’elles enfantent que les nations restent grandes dans l’histoire, et le premier devoir d’un peuple est d’honorer les hommes qui ont fait sa gloire. C’est peu de leur élever des statues et de graver leur nom sur l’airain. Que sont les monuments des héros de la Grèce et de Rome ? un peu de pous­sière. Mais le livre où Plutarque a inscrit le récit de leur gloire et de leur vertu, ce livre est un monument dont les siècles n’ont pu détacher une seule pierre : il a traversé les âges sans qu’aucune atteinte ait été portée aux grandes renommées qu’il renfermait dans son sein : toujours intact, toujours jeune, toujours nouveau, il se montre à nos yeux dans toute sa gloire et toute sa majesté, comme ces hautes montagnes dont lès cimes orgueilleuses sont telles encore que Dieu les tira du néant.

Et nous aussi, nous avons voulu, a 1 exemple du vieillard de Chéronée, élever un monument aux grands hommes de la France, comme il avait érigé le sien aux héros de la Grèce et de Rome. Mais que pouvions-nous, humble et obscur ouvrier, pour dresser un pareil monument ? nous suffisait-il d’en avoir conçu l’idée pour en réaliser l’exécution ? Ce travail nous parut tellement ambitieux que nous ne songeâmes pas un instant à l’entreprendre avec nos seules forces. Nous eûmes le bonheur de ne pas croire en nous, et des mains plus habiles et plus exercées que les nôtres s’empressèrent de répondre à notre appel, et de nous offrir leur concours. Nous nous étions dit qu’un pays riche en grands hommes devait l’être en bons biographes ; nous ne nous étions pas trompés ; et maintenant que nous avons posé la dernière pierre du monument, qu’on nous per­mette un peu d’orgueil et de joie, en pensant que nous avons acquis le droit de graver notre nom à sa base, puisque nous en avons le premier jeté les fondements.

Le Plutarque Français, tel que nous l’avons conçu, a un but de haute morale. Il nous semble qu’au moment où s’opère un mouve­ment social qui s’imprime à toutes les parties de la science, de la littérature, des arts et de la politique, il convient d’inviter la jeunesse ardente de notre âge à ne pas se lancer dans l’avenir, sans donner un regard au passé. Nous pensons qu’il est dans son intérêt d’allumer un phare qui puisse éclairer la route où elle s’engage, et lui en signaler les écueils et les abîmes. L’histoire, et surtout la biographie, est la plus utile des études et la plus éloquente des leçons.

Ce que l’homme a fait} l’homme peut le faire. Cette vérité, le plus stimulant des aiguillons pour le bien, est aussi le plus puissant des obstacles pour le mal. La biographie est en quelque sorte le miroir magique où chacun peut lire sa destinée ; car il est rare que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. ../...

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