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Page de garde de l'Abrégé de la vie des plus fameux peintres - Gravure  reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

Guido Reni
dit Le Guide
peintre lombard

né en 1575 et mort en 1642 (ou 1641 ?)

Guido Reni, peintre italien - Gravure  reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

 

 

Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle.

Peu de peintres ont eu autant de réputation que le Guide, et peu l’ont autant mérité. S’il n’a pas donné la rondeur et la vérité à ses figures comme ont fait les Carraches et le Caravage, s’il n’a pas mis autant de feu et d’expression dans ses tableaux, il y a répandu plus de grâce et plus de noblesse. Le père de Guido Reni s’appelait Daniel Reni ; il était grand musicien, et jouait de la flûte. Voyant naître cet aimable enfant en 1575, dans la ville de Bologne, il voulut l’appliquer au clavecin, à l’âge de neuf ans. Au lieu de jouer de cet instrument, le jeune enfant dessinait des figures qui surprenaient tout le monde ; on le mena chez Denis Calvart, bon peintre Flamand, qui en peu de temps le rendit habile. Il vendait les ouvrages du jeune Guide, après les avoir un peu retouchés, et ne lui en donnait qu’une légère rétribution ; ce qui détermina le jeune homme à le quitter et à se jeter, à l’âge de vingt ans, entre les bras de Louis Carrache.

Le Guide était si bien fait, si beau de visage, que Louis le prenait pour modèle, quand il peignait  des anges. Annibal, jaloux de son mérite naissant, le voulait en quelque sorte détourner de la peinture. Le Guide suivit quelque temps la manière du Caravage, qu’il quitta sitôt qu’il eut entendu dire à Annibal, qu’il suffisait pour se faire une réputation, de prendre une manière toute opposée à la sienne, pourvu que l’on suivît le beau de la nature : il en prit une plus claire, plus vague et qui plaisait davantage, c’était cependant toujours le goût de Louis Carrache. S’il n’a pu posséder toutes les parties qu’on trouve chez les autres maîtres, il en a ajouté d’autres qui ont rendu son nom immortel. Certaine noblesse dans les caractères de ses têtes, une idée divine répandue partout, une facilité de pinceau surprenante, faisaient le vrai caractère du Guide.
Louis Carrache complaisant, pour ses autres disciples, cessa de l’être pour le Guide ; jaloux de ses grands succès, il lui donna plusieurs sujets de mécontentement, qui le firent sortir de son école. Ce fut alors qu’il travailla en concurrence avec Louis, et qu’il lui fut préféré dans plusieurs ouvrages publics. La pratique de peindre à fresque, ajouta encore à son savoir et à sa réputation. Le morceau qui représente saint Benoît, recevant des présents de plusieurs personnes, distinguées  par l’âge, le sexe et les habits, est peint d’une si grande manière, dans le cloître de saint Michel in bosco, que Louis en fut frappé. On trouve dans les variétés de ses tableaux, le goût de Raphaël, du Corrège, du Titien et de Michel- Ange Buonarota.

L’envie de voir les excellentes peintures de la ville de Rome, porta le Guide et l’Albane à s’y rendre de compagnie. Ils y trouvèrent le cavalier Josepin pour lors en grande réputation ; ce dernier employa le Guide à plusieurs ouvrages, qu’il ôta au Caravage qu’il n’aimait pas.
Annibal Carrache sut mauvais gré à l’Albane, d’avoir amené le Guide à Rome : le Caravage n’en fut pas moins alarmé ; il sentait que la manière de peindre n’avait plû que par la nouveauté, et que celle du Guide, toute opposée à la sienne, pouvait réussir par la même raison. Il n’y eut point d’insulte qu’il ne fît à Josepin et au Guide, qui reçut de sa part une grande balafre sur le visage (Gli diede ô fece dare un bruto fregio sulla faccia. Felsina,  Pittrice * T. 2. pag. 16) : les disciples même du Caravage le critiquaient  partout ; il n’y avait que le cardinal Borghèse et le Josepin qui le soutinrent. Ses ouvrages faisaient encore plus ; ils le conduisaient insensiblement à l’immortalité. On exposa à saint Augustin les douze apôtres de sa main ; et le public ne fit qu’augmenter l’estime qu’il avait conçue de lui ; le martyre de saint André, dans l’Eglise de saint Grégoire, qu’il fit en concurrence avec le Dominiquin, acheva sa réputation (On sait que le Carrache, en voyant ce tableau, dit : Le Guide a fait en maître, et le Dominiquin en apprenti ; mais l'apprenti vaudra mieux un jour que le maître, à en juger par les traits de beauté qu’il a su répandre dans son ouvrage). Sa victoire fut complète, et Paul V le choisit pour la chapelle secrète de Monte Cavallo. Il a représenté, à l’autel, l'Annonciation, le paradis avec beaucoup de figures, dans la coupole ; et des enfants peints à fresque, sur les côtés. L’Albane et Lanfranc l’aidèrent dans cet ouvrage, dont le Pape pressait l’exécution. Par une adresse particulière d’opposer sa peinture à la leur, pour paraître  davantage, il ne retouchait rien, et l’on reconnaissait facilement le caractère de tous ces peintres. Cette Chapelle est si belle, que l’on disait en la voyant, sculptapmas qua picta vides.

Le Pape prenait souvent plaisir à voir travailler le Guide ; il le faisait couvrir en sa présence. Ce peintre, enflé de son mérite, dit à ce sujet : Si le Pape ne m'avait accordé cette grâce, en me supposant  une incommodité, je me ferais couvert de moi-même, comme chose due à mon art. C’est pour cette raison qu’il ne voulait point servir les têtes couronnées, chez lesquelles il eût travaillé étant découvert. Sur ce qu’on lui reprochait qu’il ne venait pas faire sa cour au cardinal légat de Bologne, qui ne cherchait qu’à lui faire plaisir, on lui a entendu dire, qu’il ne troquerait pas son pinceau contre la barrette d’un cardinal : qui ne jugerait à ces traits que le Guide ait eu beaucoup de fierté ? Cependant, excepté ce qui regardait l’honneur de son art, sa modestie a éclaté dans toutes les actions de sa vie.
Mécontent du trésorier du Pape, qui refusait de lui payer ce qui lui était dû sur la chapelle de Monte Cavallo, voulant qu’il commençât celle de sainte Marie majeure, il partit secrètement pour Bologne, où il peignit, dans l’Eglise de saint Dominique, le Massacre des Innocents, dans la chapelle Conti ; et la tribune de l’arcade de la chapelle de saint Dominique, où il a représenté l’apothéose de ce saint. Ces ouvrages, qu’il avait enlevés à Louis Carrache, lui méritèrent le rang d’un des premiers peintres de son siècle. Le cavalier Marin lui adressa un madrigal au sujet du premier tableau du Massacre des Innocents, dans lequel il dit que l’art a cela de particulier, de rendre agréable ce qui fait horreur dans la nature ; en voici la fin :

Fabro gentil, ben fai,
Ch' ancor tragico caso è caro ogetto,
E ché speso l'horror và col diletto

Le Pape, fâché de son départ, manda au cardinal légat de Bologne, de faire revenir promptement le Guide à Rome ; le légat l’alla trouver à son atelier, et ne pouvant le résoudre à ce voyage, il le menaça de le faire arrêter. Un cavalier qui s’entremit dans ce différend, dit au légat que, s'il fallait donner des chaînes au Guide., elles devaient être d'or. Enfin, le Guide adouci par ce cavalier, fut assuré qu’il n’aurait point affaire aux ministres du Pape, et il reçut un ordre de prendre sur la banque de gros appointements par mois.
La plupart des cardinaux, à son arrivée à Rome, envoyèrent leur carrosse au-devant de lui jusqu’au ponte mole, suivant l’usage observé aux entrées des ambassadeurs. Le Pape le reçut fort bien, lui fit payer ce qui lui était dû, et lui assigna une pension, des vivres, avec un carrosse à sa disposition. De compagnie avec le Josepin et le Civoli, il travailla à la chapelle de sainte Marie Majeure. On y représenta à fresque, sur les côtés de la fenêtre, l’ange qui remet la main coupée à saint Jean  Chrysostome, et la Vierge qui donne une chasuble à saint Ildefonse. Il peignit sur la grande arcade, les pères Grecs et les saints Empereurs. Le Pape vint visiter son ouvrage avec un grand cortège, il le trouva admirable ; et le cavalier Josepin dit au saint Père : Nous autres, nous travaillons comme, des hommes ; mais le Guide travaille comme un Ange.

Les amis de ce peintre voulaient qu’il restât à Rome, pour profiter des grâces qu’il pouvait espérer du Pape ; mais sa pension ayant été supprimée, et ayant attendu vainement un ordre de chevalerie qu’on lui avait promis, il s’en retourna à Bologne pour y jouir de sa patrie et de ses amis. Il y acheva l'arcade de saint Dominique qu’il avait laissé imparfaite ; et le Sénat de Bologne lui donna à peindre, dans l’Eglise dei Mendicanti, saint Charles, et les quatre protecteurs de la ville, accompagnés de plusieurs figures qui regardent en haut un Christ accompagné de la Vierge et de deux anges. C’est dans cet ouvrage qu’il fit connaître aux Carraches combien il savait s’élever et paraître fier, quand le sujet ne demandait, pas un caractère tendre et délicat.
Le Guide eut la gloire d’être préféré, par la ville de Gênes, à tous les peintres Bolonais, pour une assomption de la Vierge accompagnée des douze Apôtres, et d’autres figures grandes et petites, au nombre de vingt-six. La nature sans cesse consultée, un détail précis de ses beautés, l’heureux talent qu’il avait de les embellir, se trouvent dans la quantité d’études faites pour ce tableau, qu’il exposa dans une salle, où deux de ses disciples le montraient à tous les peintres. A l’exemple d’Apelle, il se tenait caché dans un cabinet derrière la toile, pour entendre ce qu’on disait de son ouvrage. Aussi judicieux à rendre justice aux talents des autres peintres, quand il voyait des tableaux de Rubens, il se tournait vers ses disciples, en s’écriant : E che macina sangue costui nè suoi colori ? Ce peintre mêle-t-il du sang dans ses couleurs ? Eloge vraiment digne de Rubens et du Guide.

Il souffrait avec peine qu’on copiât ses tableaux ; et il fit chasser de son atelier tous les copistes. Giacomo Sementa, Framesco Gessi, et le Sirani, étaient employés à ébaucher les grands morceaux.
Ayant envoyé ces trois peintres à Mantoue, pour entreprendre plusieurs ouvrages à fresque, le Cardinal Aldobrandini, Archevêque de Ravenne, le fit prier par le cardinal légat, de venir en cette ville pour peindre dans la cathédrale, la chapelle du saint Sacrement. Ensuite il fut mandé à Naples, pour orner la belle chapelle du trésor. La crainte d’être empoisonné, et la menace des peintres Napolitains, qui insultèrent un de ses élèves, le firent revenir promptement à Rome.
A peine y fut-il arrivé, qu’il reçut cinq cens écus d’arrhes de la fabrique de saint Pierre, pour y peindre I'histoire d’Attila. Le Guide eut le malheur de perdre cette somme au jeu ; et ne voyant aucune espérance de recevoir de l’argent de longtemps, il emprunta une pareille somme, qu’il rendit à la fabrique ; il fit gratter ensuite une gloire d’anges qu’il avait commencé à peindre à fresque dans saint Pierre, et s’en retourna à Bologne, dans une appréhension terrible d’être poursuivi.

Il était difficile d’avoir un tableau de sa main ; la seule proposition le rebutait ; et il fallait le savoir prendre en jouant avec lui. Livré entièrement à cette passion, il ne fréquentait plus que la mauvaise compagnie. Ce fut alors qu’il travailla pour gagner de l’argent et pour payer ce qu’il devait son esprit, naturellement chagrin, était encore très fort agité par le mauvais état de ses affaires, au point, qu’il fut réduit à peindre à la journée.
Cette triste situation le fit rentrer en lui-même ; il discontinua de jouer pendant deux ans, afin d’acquitter deux dettes considérables, qu’il avait contractées au jeu, sur sa parole. A la fin, la passion prit le dessus, il gagna beaucoup ; mais il perdit ensuite tout ce qu’il possédait.
Dans ses disgrâces, son pinceau était sa ressource ; il travaillait avec tant de facilité et de diligence, que le Prince Jean-Charles de Toscane, dans une de ses visites, lui ayant demandé une tête d’Hercule, il la peignit en deux heures si parfaitement, que le Prince lui donna soixante pistoles dans une boite d’argent, et une chaîne d’or avec sa médaille. Le cardinal Cornaro vit pareillement peindre, en quatre heures, une Vierge ayant les mains jointes. Sa bourse lui fut ouverte, et la discrétion que le peintre eut de ne prendre qu’une somme modique, lui valut encore une chaîne d’or.
Le Guide travaillait avec décence, toujours habillé, le manteau tourné autour du bras gauche, se faisant servir par des élèves, qui s’estimaient fort heureux d’être choisis pour lui préparer sa palette et nettoyer ses pinceaux. Il peignait volontiers sur le taffetas, qu’il croyait moins sujet à la pourriture que la toile. Le terme de prix pour  un tableau, n’était pas un terme assez honnête, selon lui ; il voulait qu’on l'appela l’honoraire d’un peintre. Jamais le Guide n’a demandé de l’argent ; il traitait toutes ses affaires par tierce personne ; ses tableaux étaient envoyés aux grands Seigneurs sans en fixer de prix, et souvent les récompenses  en étaient plus fortes.

Extrêmement modeste, il brûla quantité de lettres de Souverains et de savants, qui pouvaient flatter son amour propre ; et l’on disait de lui : Che maggior gloria riceve de suoi colori Guido Reni che da gl‘ altri inchiostri. Il travailla pour Louis XIII, Roi de France ; pour Philippes IV, Roi d’Espagne ; pour Uladislas, Roi de Pologne, qui lui écrivit une lettre de remerciement pour une Europe qu’il avait envoyée à ce Prince. Il n’aimait que les avantages de son art ; jaloux de sa réputation, attentif sur les honneurs qu’il croyait en être dépendants, il ne rendait aucune visite aux Grands, disant que, quand on le venait voir, c’était le talent que Dieu lui avait donné, que l’on cherchait, et non pas sa personne.
Tout était sagement réglé dans son atelier et sans aucun scandale : quand il se servait de modèles de femmes, il ne restait jamais seul avec elles, n’en employant aucune dans sa maison,  persuadé qu’il était, que souvent les peintres, ainsi que les poètes, fréquentant des gens vicieux dont ils expriment les sentiments, ou qui leur servent de modèles, contractent des mœurs corrompues : Frequens imitatio transit in mores (Quint. lnst. lib. cap. 19.).

Son école était souvent composée de deux cent étudiants : ils lui servaient de modèles, leur donnait de ses dessins, ne leur cachait rien de son art, et retouchait volontiers leurs ouvrages ; mais il les tenait  très soumis. Personne n’aimait tant la société et à faire plaisir que le Guide ; sa. maison était ouverte à tout le monde ; il était si concencieux ; qu’il ne recevait jamais d’arrhes qu’il n’eût fait sur la toile assez d’ouvrage pour les valoir un jour, au cas que la mort l’empêchât de le finir.
Le clavecin, après son travail, lui servait de délassement : il ne lisait guère et écrivait peu, ne sachant point l’orthographe, Dans les réponses qu’il était obligé de faire aux Souverains, son ami Rinaldi lui était d’un grand secours ; on dit qu’il craignait les sorciers et le poison. L’honneur de son art fut sa seule ambition, ainsi que d'être logé au large : mais sans meubles : L'on vient voir, disait-il, des tableaux chez, moi, et non pas des tapisseries. Sa seule passion fut le jeu, qui le mit toujours, malgré les sommes considérables qu’il touchait, fort mal à son aise. Comme on lui reprochait un jour qu’il n’amassait rien, et qu’on louait ceux qui enterraient leur argent pour le retrouver dans leur vieillesse, il répondit, qu'enterrer son argent, c'était ensevelir la liberté de s'en servir.
Enfin, devenu vieux, il dessinait trois ou quatre heures par jour, pour n’en pas perdre l’habitude ; mais la fureur du jeu le dominait toujours. Il se trouva à la fin abandonné de ses amis, qui ne voulurent plus lui prêter d’argent. Alors, poursuivi de ses créanciers, il devint chagrin au point de se mettre dans la tête qu’il allait mourir.
Il mourut en effet à Bologne, l’an 1641, à l’âge de soixante-sept ans
. Son corps fut porté dans l’Eglise de saint Dominique, et mis dans le sépulcre d’un des premiers gentilshommes de la ville. A sa mort, personne ne perdit ses arrhes ; les uns prirent  les toiles ébauchées, les autres reçurent leur argent, et les toiles furent vendues par l’héritier, qui satisfit tout le monde.

La correction, la légèreté de la touche, la spiritualité  et le coulant du pinceau, une riche composition, un coloris frais où l’on voit passer le sang par le transparent de la couleur, un grand goût de draper large,  des airs de têtes, des mains, des pieds admirables avec toutes les grâces possibles, se trouvent réunis dans le Guide. Les demi-teintes de ce maître sont plus expressives que les plus beaux tons de couleur soutenus des ombres. Cet art, qui lui était particulier, n’était dû qu’à sa manière d’exprimer les passions, sans y employer des grimaces : telles sont ses Lucrèces. Il possédait l’idée du beau si parfaitement, qu’il le faisait briller même dans un visage flétri et meurtri, par le sang qui coule de toutes parts, comme peut être la tête d’un Christ. On y voit des traits de majesté, un air de grandeur, une image si sensible de la divinité, qu'elle ne convient qu’à un Dieu. Outre la finesse de la pensée, et une manière tendre, facile et gracieuse, il passait des coups hardis sur les endroits les plus peinés, pour cacher aux yeux le travail qu’ils lui avaient coûté ; c’est ainsi que le Guide a établi toutes les richesses de la peinture. Son style savant dérobait l’austérité du sujet ; par ses nuances, il exprimait le sentiment. Avec tout cela, on dit de lui qu’il plaît, mais qu'il ne surprend pas. On souhaiterait encore dans les tableaux plus de feu et un coloris plus vigoureux ; voici de quelle manière en parle un auteur Italien.

Io parlo di quell' Apelle moderno cioè di Guido, il cui cognome essendo comune col fiume Reno, s’encorre più d’ogni fiume al mar di gloria di Giudo ( dico ) di quel grand Guido, che à noslri tempi è il Platone de poëti muti, il Vergilio de dissegnanti, e l'Aristotele dè pittori.
Il Minozzi ne suoi sfogamenti d’ingegno

Qui peut mieux que le Guide mériter ce qui suit ?
Quel coloris ! quelle élégance,
La nature, heureux Guide, a mis dans ton  pinceau !
Tu reçus de sa bienveillance,
L’art charmant de la peindre en beau.
Tu fus le désespoir des rivaux de ton âge ;
L’envie aiguisa ton talent ;
Sage, modeste, tempérant,
Tes tableaux de ton cœur sont la parfaite image ;
Et qui sut mieux que toi de la Divinité
Peindre l’esprit, les traits, l’éclat, la majesté ?

Ce peintre savait sculpter et graver à l’eau forte ; il estimait Raphaël, le Corrège, et surtout Paul Véronèse : il disait que le peintre qui pourrait réunir en sa personne le bel ajustement et la grande pensée de Raphaël, le beau coloris du Corrège, les richesses et la majesté de Paul, serait le plus parfait artiste, et que les Carraches avaient toujours tâché d’atteindre à ce point. Il aimait si fort son art, qu’il loua exprès une chambre vis-à-vis de la maison d’une jeune personne dont la tête lui plaisait extrêmement ; et, sans en être amoureux, en causant avec elle à la fenêtre, il fît connaissance, et obtint de ses parents de la peindre de différents côtés : le présent d’un tableau fait d’après elle, marqua sa reconnaissance. L’œil, selon lui, était le plus difficile à bien représenter dans une tête, et il en a fait qui sont touchants et pleins de vie.

On compte parmi ses disciples, Guido Cagnacci, le Sirani, Simon Cantarini dà Pesaro ; Francesco Gessi, Giacomo Sementa, Flaminio Torre, Marescotti, Girolarno Rossi, Rugieri, Canuti, Bolognini, Pietro Ricci, et quantité d’autres.

Guido Cagnacci, né à Castel Durante, s’appelait Canlassi ; son coloris est très vigoureux, et il s’est souvent écarté de la manière de son maître. Il fut longtemts à Vienne, où il mourut à l’âgé de quatre-vingt ans. On voit de lui, chez le Grand Duc, sainte Marie Egyptienne enlevée par un ange : à Düsseldorf, chez l’Electeur Palatin, les sept douleurs de la Vierge ; deux tableaux chez le Duc d’Orléans, une martyre étendue à terre avec une draperie bleue ; un autre martyr ; quatre pastorales dans le cabinet d’un particulier. (Wikipedia)

Gio Andrea Sirani, né à Bologne en 1610, est père de la fameuse Elisabeth Sirani ; c’était un peintre gracieux, qui a fait de belles choses, et qui forma une école. Il mourut en 1670, à l’âge de soixante ans, au désespoir de voir périr sa fille par le poison.

Simon Cantarini dà Pesaro, est né en cette ville en 1612, après avoir reçu des enseignements du Pandolfi ; il le mit à copier les ouvrages du Guide, et vînt à Bologne se mettre sous sa conduite. Ses intrigues contre son maître se découvrirent, et il le retira à Rome pour y étudier, et revint tenir école à Bologne. Le Duc de Mantoue le manda pour faire son portrait, dont il ne put jamais venir à bout ; la colère le prit, la maladie survint, et il alla à Venise pour se rétablir. Il y mourut en 1648, âgé de trente-six ans, soupçonné d’avoir été empoisonné par un peintre de Mantoue, dont il avait fort mal parlé.
Simon dà Pesaro avait un talent particulier de graver à l’eau forte. Il avait une touche si fine et qui est tellement ressemblante à celle du Guide, que ses estampes ont pendant longtemps été confondues avec celles de son maître. Il y en a environ trente, toutes plus spirituellement gravées les unes que les autres. (Wikipedia)

Francesco Gessi, noble d’extraction, naquit à Bologne en 1588. Peu propre aux sciences, il suivit l’école du Guide, et imita parfaitement sa manière : son maître l’employait dans ses grands ouvrages. Le Gessi n’était jamais content de ce qu’il faisait ; et à force de changer, il gâtait souvent ses tableaux. Les religieuses de Ste Catherine de Bologne ont de lui le martyre de la sainte ; on voit un crucifix aux Chartreux, ainsi qu’une descente de croix, une prière au jardin, etc. Son père en mourant lui l'aida des biens considérables et des procès qui lui firent négliger la peinture. Il mourut à Bologne, en 1620, à l’âge de trente-deux ans. (Wikipedia)

 

Les dessins du Guide sont faits ordinairement sur du papier bleu, à la pierre noire, relevés de blanc de craie ; on en voit beaucoup à la plume lavés au bistre ou à l’encre de la Chine, quelques-uns relevés de blanc au pinceau. Il n’importe de quelle manière ils soient dessinés, pourvu que l’on y trouve la franchise de la main, la légèreté de la touche avec l’excellence des draperies, la beauté des airs de têtes, des pieds et des mains, qui caractérisent le Guide par-dessus les autres peintres.
Le Guide a gravé à l’eau forte, d’après Annibal Carrache, saint Roch qui fait l’aumône ; un Christ au tombeau en hauteur, d’après le Parmesan ; une sainte famille avec saint Jean qui baise les pieds à l’enfant Jésus ; les mêmes dans un paysage avec la Vierge, et saint Joseph dans le lointain ; un groupe de trois enfants, soutenant une soucoupe avec trois verres ; une Vierge, en rond, couvrant son fils qui dort ; la Vierge assise tenant son fils, dont saint Jean prend le pied ; une sainte famille avec des anges qui répandent des fleurs ; la Vierge assise avec son fils, qui tient une hirondelle par un fil ; l’enfant Jésus qui embrasse la Vierge, et saint Joseph dans une arcade.
Greuter, Persyn, Baillu, Rousselet, G. de Geyn, C. Bloëmaert, C. Wischer, Vosterman, Lombart, Couvay, Daret, Cesius, Sirano, Bolognini, Pesarese, Mitelli, Coriolan, Van-Kessel, F. Torri, Baronius, L. Ciamberlanus, B. Curti, Sauvè, Jacques Frey, Jean Audran, Nicolas Dorigny, Surugue, Tardieu, Preisler, Vermeulen, Picart le Romain, Boulanger, Poilly, sont les principaux graveurs du Guide. On voit en dernier lieu la Libéralité jointe à la Modestie, gravées à Londres par Strange, qui a pareillement gravé Vénus à sa toilette, servie par les Grâces ; et quatre tableaux de demi-figures, et son recueil va à environ à trois cent pièces.

Ses principaux ouvrages, à Rome, sont à St Antoine de Padoue des Capucins, un saint Michel ; à san   Lorenzo in Lucina, un Crucifix ; à saint Grégoire, le martyre de saint André, à fresque ; le tableau de la Trinité, dans l’Eglise du même nom ; à sainte Cécile, la décollation de la sainte, une Vierge en rond ; et un autre rond plus grand, qui représente un ange qui couronne la sainte et son époux Valérien ; à sainte Marie Majeure, une Vierge découvrant l’enfant Jésus qui dort ; à la Chiesa nuova, saint Philippe de Néri à genoux ; à santa Maria della vittoria, un Christ en croix ; à saint Paul des trois fontaines, le martyre de saint Pierre, entouré de trois bourreaux, très fort de couleur, dans le goût du Caravage, sans sortir de cette noblesse et de ces grâces qui sont le vrai caractère du Guide.
On voit à Bologne dans le cloître de St Michel in Bosco, St Benoît recevant des présents de plusieurs personnes ; à san-Colombano, saint Pierre qui renie son maître ; à san-Fabiano, la Vierge, son fils et la Madeleine ; à saint André des pénitents, St Pierre pleurant, demi-figure admirable ; dans l’Eglise des Mendicanti, les quatre saints protecteurs de la ville, avec saint Charles à genoux, regardant le corps de Jésus-Christ, accompagné de la Vierge, et de deux anges peints sur une draperie peinte, avec cinq enfants qui tiennent des livres et une crosse ; dans la même Eglise, Job rétabli dans ses biens ; un saint Evêque dans la sacristie de la Madone di Galiera ; le Massacre des Innocents, à saint Dominique ; à la tribune de la chapelle de ce saint, est son apothéose peinte à fresque ; et au maître-autel de la même Eglise, l’Adoration des Mages ; une Vierge, en petit, tenant l’enfant Jésus, à saint Barthelemi ; et dans l’Eglise de san-Salvatore, le Sauveur, au fond du chœur, et un Christ sur le tabernacle ; dans le couvent des Capucins proche Bologne, au maître-autel, le fameux Crucifix, avec la Vierge, la Madeleine et saint Jean ; à saint Thomas in strà Maggiore, un saint François, saint André, et dans le haut Notre-Seigneur ; dans le palais public, une Vierge et les-saints protecteurs de Bologne qui implorent son secours ; Samson qui attaque les Philistins ; six Vertus qui ornent trois bustes de Papes originaires de Bologne, que l’on voit au-dessus des portes.
A Plaisance, chez les Capucins, on voit un tableau de la Vierge, en petit.
A Naples, à Santi Apostoli, une annonciation, et les quatre vertus ; à saint Philippe de Néri, un saint François d’Assise, d’une expression divine ; à saint Martin des Chartreux, une nativité qui n’est pas terminée.
A Modène, dans la cathédrale, une présentation  au temple.
A Caprarole, chez les pères Zocolanti, saint Joseph, saint Dominique avec la Vierge dans une gloire.
A saint Pierre de Pérouse, un Christ au jardin.
A Ravenne, la chapelle du saint Sacrement à la cathédrale, où est représentée la manne dans le désert.
A Faensa, les Capucins ont une Vierge accompagnée de plusieurs saints.
A Forli, une conception de Notre-Dame aux pères réformés de saint François ; dans l’Eglise, de saint Paternien, à Fano, un saint Pierre.
On voit à Milan, dans la chapelle Dei signori, un saint Joseph ; et dans la galerie de l’archevêché, un Amour couché par terre, avec une vue de mer dans le fond ; et un beau tableau de saint Joseph qui tient l’enfant Jésus entre ses bras, et un saint Jean en petit.
A Lucques, dans l’Eglise de Maria délia coru Landini, une Vierge tenant l’enfant Jésus, un Crucifix, au pied duquel sont sainte Catherine et saint Jules.
A Gênes, dans l’Eglise de saint Ambroise des Jésuites, une belle Assomption ; et une très belle Lucrèce dans le palais Balbi.
On voit à l'Escurial en Espagne, dans la sacristie, saint Joseph tenant l’enfant Jésus, demi-figure ; dans le chapitre du même couvent, la Vierge assise, son fils en pied sur ses genoux, avec deux anges qui couronnent la Vierge ; la tête de saint Pierre et celle de saint Paul séparées ; dans l’appartement du Roi au même couvent, la fuite de Lot avec ses filles. Tous ces tableaux sont peints sur toile, et les figures de grandeur naturelle.
Dans la galerie du Grand Duc, on trouve une Judith, une Cléopâtre, une Vierge, demi-figure ; une Charité ; un jeune Bacchus, tenant une bouteille ; et une soucoupe avec un verre, et un jeune enfant à côté de lui.
Dans celle du Duc de Parme, un saint Jean-Baptiste, demi-figure, un Ecce-Homo, sainte Cécile qui joue du violon, et une Madeleine.
Dans la galerie du Duc de Modène, l’apparition à la Vierge ; un grand tableau d’autel, qui était à Reggio, et qui représente la sainte Vierge, accompagnée de saint Jérôme et de saint Crespin ; et un jeune Bacchus : trois tableaux qui se trouvent aujourd’hui à Dresde. Ninus cédant son trône et sa couronne à Sémiramis, un des plus fameux tableaux du Guide, se trouve aussi dans la même galerie de Dresde.
Chez le Roi d’Angleterre, Martias écorché par Apollon, grand comme nature, quelques sujets d’Hercule ; Titius dévoré par un vautour.
A Londres, deux grandes femmes nues, représentant  la Libéralité et la Modestie debout, avec un ange dans le ciel.
A Düsseldorf, chez l'Electeur Palatin, une  Assomption, saint Pierre ; une flagellation, et un enfant nu  jouant avec un oiseau.
Dans le Béguinage, à Anvers, la tête de saint François, près du maître-autel, du côté de l’épître.
Il y a à Paris, dans le couvent des Carmélites du faubourg saint-Jacques, une grande Annonciation, excellent tableau.
On voit dans le cabinet du Roi, une charité Romaine ; deux Madeleines pleurant devant un crucifix ; une tête de Christ couronnée d’épines ; Samson et Dalila ; une Vierge et l’enfant Jésus qui dort ; l’union du dessin et de la couleur ; Jésus-Christ au jardin des oliviers ; la couseuse vêtue de blanc, autrement la Vierge assise travaillant en linge, accompagnée de trois anges, petit tableau excellent ; une autre vêtue de rouge ; une Vierge et l’enfant Jésus, avec saint Jean qui lui baise les pieds ; saint Jean dans le désert ; saint François en méditation ; Hercule enlevant Déjanire ; Hercule tuant l’Hydre ; le même combattant  Acheloüs ; Hercule sur le bûcher ; une fuite en Egypte ; deux saints Sébastien ; un saint Jean ; une Madeleine ; une Sibylle ; un autre saint Sébastien ; Jésus-Christ et la Samaritaine ; la Vierge et son fils, avec sainte Catherine ; la Vierge à l’oiseau ; un enfant jouant avec des tourterelles ; David tenant la tête de Goliath.
Dans la collection du palais Royal, on trouve une Madeleine portée sur un nuage ; Erigone, demi-figure ; Suzanne prête à se baigner ; la même avec les vieillards ; une Vierge vêtue de bleu ; Hérodiade, de grandeur naturelle ; une Madeleine à mi-corps ; une Sibylle avec un turban ; un Ecce-Homo, avec une Mater dolorosa ; deux pendants de forme ovale ; une tête de Madeleine ; sainte Apolline attachée à un poteau ; David et Abigaïl, grands comme nature ; saint Bonaventure assis dans un fauteuil ; saint Sébastien, plus grand que nature ; la décollation de saint Jean-Baptiste avec plusieurs figures ; Notre- Seigneur couché sur la croix ; la Vierge et  l’enfant Jésus qui dort.
On voit dans la galerie de l’hôtel de Toulouse à Paris, un grand tableau qui représente l’enlèvement d’Hélène par Paris, dont on a une estampe gravée par Desplaces.



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