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Charles Quint, roi d'Espagne
1477 - 1517

Charles Quint, roi d'Espagne - Gravure  de Nicolas Clerck reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

Charles V, par la grâce de Dieu, Empereur des romains, toujours auguste, roi d'Espagne, etc. mort en 1558, à l'âge de 58 ans

Ce qu'en dit Wikipedia :

Charles de Habsbourg, né le 24 février 1500 à Gand (comté de Flandre) et mort le 21 septembre 1558 au monastère de Yuste (Espagne), élu en 1520 empereur sous le nom de Charles V, couramment en français Charles Quint, fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, héritier par son père des possessions de la maison de Habsbourg (royaume de Hongrie, royaume de Bohême, archiduché d'Autriche, etc.) ainsi que des dix-sept provinces des Pays-Bas et de la Franche-Comté, par sa mère des royaumes de Castille et d'Aragon (sous le nom de Charles Ier) et de l'empire colonial espagnol, ainsi que du royaume de Naples (Charles II), est le monarque européen le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle.

Suite sur Wikipédia


Gravure provenant d'un recueil de 88 gravures
de Nicolas de Clerck (actif entre 1614 et 1625)

(collection personnelle)

 

Charles Quint, roi d'Espagne - Gravure  de Bosselman reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Charles Quint, roi d'Espagneet empereur
gravure de Bosselman, extraite de la Biographie universelle de M. Weiss - 1841
(collection personnelle)

Texte extrait de la Biographie universelle des hommes qui se sont fait un nom de F.X. Feller. - 1860

 

CHARLES-QUINT, archiduc d’Autriche, fils aîné de Philippe et de Jeanne de Castille, né à Gand le 24 février 1500, roi d’Espagne en 1516, fut élu empereur en 1519.

François 1er, roi de France, lui disputa l’empire par ses intrigues et son argent. Charles, dont la jeunesse donnait moins d’ombrage aux électeurs que le caractère inquiet de son rival, l’emporta sur lui. Cette rivalité alluma la guerre entre la France et l’empire en 1521. L’Italie en fut principalement le théâtre. Elle avait commencé en Espagne, elle fut bientôt dans le Milanais. Charles-Quint s’en empara, et en chassa Lautrec. Il ne resta à François Ier que Crémone et Lodi ; et Gênes, qui tenait encore pour les Français, leur fut bientôt enlevé par les impériaux. Charles, ligué avec Henri VIII, roi d’Angleterre, eut l’avantage de s’attacher un général habile, que l’imprudence de François Ier avait trop peu ménagé.
Il fait des offres au connétable de Bourbon, et Bourbon le sert contre sa patrie. Adrien VI, Florence et Venise se joignent à lui. Son armée, conduite par Bourbon, entre en France, fait le siège de Marseille, le lève et revient en Italie en 1524. La même année, les Français, commandés par Bonnivet, sont battus à Biagras, et perdent le chevalier Bayard, qui seul valait une armée.
L’année d’après, se donna la fameuse bataille de Pavie (cette bataille porte aussi le nom de Rebec), où François Ier fut pris. Charles-Quint, alors à Madrid, reçut son prisonnier avec beaucoup d’égards, et dissimula sa joie. Il défendit même les marques de l’allégresse publique.

« Les chrétiens, dit-il, ne doivent se réjouir que des victoires qu’ils remportent sur les infidèles. »
« La prise d'un roi, d’un héros qui devait faire naître de si grandes révolutions, ne produisit guère, dit un historien célébré, qu’une rançon, des reproches, des démentis, des défis solennels et inutiles. »

L’indifférence de Charles, ou, si l’on veut, une modération qui peut paraître excessive, le priva des fruits d’une si grande victoire. Au lieu d’attaquer la France immédiatement après la bataille de Pavie, il se contenta de faire signer à François Ier un traité que celui-ci n’eut garde de tenir : il se ligua même contre son vainqueur avec Clément VII, le roi d’Angleterre, les Florentins, les Vénitiens et les Suisses. Bourbon marche contre Rome, et y est tué ; mais le prince d’Orange prend sa place : Rome est pillée et saccagée. Le Pape, réfugié au château Saint-Ange, est fait prisonnier.

Charles eut horreur des excès commis dans cette occasion, indiqua des prières publiques et envoya des ordres exprès pour l’élargissement du Pape. Un traité conclu à Cambrai, appelé le Traité des Dames (entre Marguerite de Savoie, tante de Charles-Quint, et Louise de Savoie, mère de François), concilia ces deux monarques. Charles s’accommoda aussi avec les Vénitiens, et donna la paix à Sforce et à ses autres ennemis. Tranquille en Europe en 1535, il passe en Afrique avec une armée de plus de cinquante mille hommes, et commence les opérations par le siège de la Goulette. L’expérience lui ayant appris que les succès suivent la vigilance, il visitait souvent son camp.
Une nuit, faisant semblant de venir du côté des ennemis, il s’approche d'une sentinelle, qui cria suivant l’usage : Qui va-là ? Charles lui répondit en contrefaisant la voix : Tais-toi, je ferai ta fortune. La sentinelle, le prenant pour un ennemi, lui tira un coup de fusil, qui heureusement fut mal ajusté. Charles fit aussitôt un cri qui le fit reconnaître.
Après la prise de la Goulette, il défait le fameux amiral Barberousse, entre victorieux dans Tunis, rend la liberté à 22 mille esclaves chrétiens, et rétablit Mulei-Hassen sur son trône.

Comme il pouvait être, à toute heure, dans le cas de donner ou de recevoir bataille, il marchait toujours en avant au milieu des enfants perdus. Le marquis de Guast est obligé de lui dire : « Comme général, je vous ordonne de vous placer au centre de l’armée, et avec les enseignes. » Charles, pour ne pas affaiblir la discipline militaire qu’il avait établie, obéit sans murmurer.
S’il n’y avait pas d’ennemi plus redoutable, il n’y en avait pas de plus généreux. On sait comment il en agit envers divers princes qu’il pouvait dépouiller, et qu’il se contenta d’humilier. Le boulanger de Barberousse vint un jour lui offrir d’empoisonner son maître ; Charles eut horreur de cette offre, et fit avertir ce fameux corsaire d’être sur ses gardes.

La paix de Cambrai, en pacifiant la France et l’Espagne, n’avait pas rapproché le cœur des rois. Charles-Quint entre en Provence avec cinquante mille hommes, s’avance jusqu’à Marseille, met le siège devant Arles, et fait ravager en même temps la Champagne et la Picardie. Contraint de se retirer, après avoir perdu une partie de son armée, il pense à la paix. On conclut une trêve de dix années à Nice en 1538. L’année suivante, Charles demande à François le passage par la France, pour aller punir les Gantois révoltés. Il l’obtient : François va au-devant de lui, et Charles s’arrête à Paris sans rien craindre. Un cavalier espagnol lui ayant dit que, si les Français ne le retenaient prisonnier, ils seraient bien faibles ou bien aveugles : « Ils sont l’un et l’autre, lui répondit l’empereur, et c’est sur cela que je me fie. »
Il se fiait davantage encore à ses années, et à ses habiles généraux, qui se tenaient prêts à tirer raison de sa détention. Charles, disent les historiens français, promit l’investiture du Milanais à François, pour un de ses fils ; mais il est certain qu’il ne répondit que par des défaites aux instances que François lui fit, et Voltaire convient que ce monarque prit pour une promesse une parole vague. Est-il d’ailleurs raisonnable de supposer que, pour châtier une ville, l'empereur voulût se dépouiller du plus beau duché de l’Europe ? Les Gantois furent domptés et punis.

La guerre se ralluma en 1542. Henri VIII se joignit à Charles contre la France, qui, malgré la bataille de Cérisoles, se trouva dans le plus grand danger. La paix fut conclue à Crépi en 1545. Quelques années auparavant, Charles avait passé en Afrique pour conquérir Alger, et en était revenu sans gloire.

Charles-Quint fut aussi occupé des troubles causés par Luther que de ses guerres contre la France. Il opposa d’abord des édits à la confession d’Augsbourg, et à la ligue offensive et défensive de Smalkalde. Mais ni la victoire signalée qu’il remporta à Mulberg sur l’armée des confédérés en 1547, ni la détention de l’électeur de Saxe et du landgrave de Hesse, ne purent contenir les protestants, toujours soutenus par la France et par les Turcs qui, par de puissantes diversions, obligèrent l’empereur à user d’indulgence.
L’an 1548, il publia le grand intérim dans la diète d’Augsbourg, formulaire de foi, catholique pour le dogme, favorable aux hérétiques pour la discipline. On permettait la coupe aux laïques et le mariage aux prêtres. Ce tempérament ne satisfit personne. Maurice, électeur de Saxe, et Joachim, électeur de Brandebourg, toujours ses ennemis, ligués aveo Henri II le forcèrent, en 1552, de signer la paix de Passaw. Ce traité portait que l'Intérim serait cassé et annulé, que l’empereur terminerait à l’amiable dans une diète les disputes sur la religion, et que les protestants jouiraient, en attendant, d’une pleine liberté de conscience.

Charles-Quint ne fut pas plus heureux devant Metz, défendu par le duc de Guise. Il fut obligé d’en lever le siège. Des écrivains superficiels et passionnés ont accusé Charles de s’être vengé l’année suivante, du mauvais succès de cette expédition, sur la ville de Térouane qu’il fit démolir, tandis que l’on sait, à n’en pouvoir douter, que cette démolition ne fut accordée qu’aux vives instances des États de Flandre.

« L’année suivante, dit un historien impartial, la guerre se répandit dans les Pays-Bas ; Charles-Quint prit d’assaut la ville de Térouane, dont les habitants, passionnément attachés à la France, avaient commis d’affreux brigandages dans la Flandre. L’empereur résolut de détruire cette ville jusqu’aux fondements. Les États de Flandre requirent qu’il plût à Sa Majesté de donner tel ordre sur la démolition de ladite ville, que, pour l’avenir, l’espoir puisse être ôté aux Français de s’y pouvoir remettre ou la refaire. Leurs vœux furent si bien remplis, qu’il ne resta plus que le souvenir de Térouane, et le champ où elle fut. »

La guerre durait toujours sur les frontières de la France et de l’Italie avec des succès balancés. Charles-Quint, vieilli par les maladies et les fatigues, et détrompé des illusions humaines, résolut d’exécuter un projet formé depuis longtemps et mûri dans le calme de la réflexion. Il fait élire roi des Romains son frère Ferdinand, et lui cède l’empire le 7 septembre 1556 (cession qui ne fut reconnue par les princes allemands qu’en 1558), après s’être démis auparavant de la couronne d'Espagne en faveur de Philippe son fils, en présence de Maximilien, roi de Bohême, de la reine son épouse, des reines douairières de France et de Hongrie, du duc de Savoie, du duc de Brunswick, du prince d’Orange, des grands d’Espagne, et de la principale noblesse d’Italie, des Pays- Bas, de l’Allemagne, et des ambassadeurs de toutes les puissances de l’Europe.

Ce grand prince rendit compte de ce qu’il avait fait pour mériter sa retraite qu’il regardait comme une récompense de ses travaux : et prenant son fils entre ses bras, il le plaça lui-même sur le trône. Spectacle sublime, intéressant, attendrissant, qui tira des larmes de cette auguste assemblée. Il dit à son fils en le quittant : « Vous ne pouvez me payer de ma tendresse qu’en travaillant au bonheur de vos sujets. Puissiez-vous voir des enfants qui vous engagent à faire un jour pour l’un d'eux, ce que je fais aujourd’hui pour vous ! »
Il se retira quelque temps après à Saint-Just, monastère situé dans un vallon agréable, sur les frontières de Castille et de Portugal. La promenade, la culture des fleurs, les expériences de mécanique, la lecture, les offices, les autres exercices claustraux remplirent tout son temps sur ce nouveau théâtre. Tous les vendredis de carême, il se donnait la discipline avec la communauté. On prétend que, dans sa retraite, il regretta le trône. Prétention réfutée par le genre de vie qu’il y mena avec une constance qui ne s'est pas démentie d’un moment.

Si Charles s’était repenti d’avoir quitté la puissance souveraine, il se serait occupé de tous les événements politiques, il eût entretenu des liaisons avec les courtisans, il eût formé des intrigues pour troubler l’Etat, ou le gouverner encore de sa retraite. « Il partit pour Saint-Just, dit l’abbé Raynal, y vécut obscur et n'en sortit jamais. »
Charles-Quint finit son rôle par une scène singulière, mais dont on avait déjà vu des exemples. Il fit célébrer ses obsèques pendant sa vie, se mit en posture de mort dans un cercueil, entendit faire pour lui-même toutes les prières qu’on adresse à Dieu pour ceux qui ne sont plus, et ne sortit de sa bière que pour se mettre dans un lit. Une fièvre violente, qui le saisit la nuit d'après cette cérémonie funèbre, l’emporta le 21 septembre 1558, âgé de 58 ans 6 mois 27 jours.

Charles-Quint ne voulait être ni loué, ni blâmé. Il appelait ses historiens, Paul Jove et Sleidan, ses menteurs, parce que le premier avait dit trop de bien de lui, et l’autre trop de mal. Ses Instructions à Philippe II ont été traduites en français par Antoine Tessier, La Haye, 1700, in-12.

Les rois d’Espagne n’ont porté le titre de Majesté que depuis l’avènement de Charles-Quint à l’empire. Leti a écrit sa Vie en italien, qu’on a traduite en français en 4 vol. in-12 ; mais on préfère l’Histoire du même prince, écrite en anglais par Robertson, et traduite en français par M. Suard, Paris, 1771, 2 volumes in-4, et 6 volumes in-12. Elle est écrite avec autant de vérité qu'on peut en attendre d’un protestant et d’un philosophe du 18ème siècle, qui écrit l'histoire d’un prince catholique et pieux.

Pour bien juger du caractère et des actions de Charles-Quint, il ne faut point s’en tenir aux protestants qui le regardent comme leur premier ennemi, ni aux Espagnols qui en ont fait un homme surnaturel, ni aux Français qui, humiliés par les défaites et la prison de François Ier, ont cru devoir rabaisser, autant qu’il leur était possible la gloire de son vainqueur. Les nations neutres, qui dans ce temps n’ont eu aucun démêlé ni aucune alliance avec l’Autriche, nous fournissent des appréciateurs moins suspects.

« Je ne trouve point, dit le comte d’Oxenstiern, parmi les chrétiens, de héros préférable à Charles-Quint. Ce monarque avait autant de mérite personnel que d’habileté dans l’art de régner. Parmi les grandes actions dont la vie de cet empereur n’a été qu’un tissu, je n’en trouve point qui soit plus digne d’admiration que la double abdication de l'empire et du royaume d’Espagne. Il connut à fond le faux brillant des grandeurs et du faste du monde ; et trouvant que ces vanités n’étaient pas dignes de l’attachement d’une grande âme, il préféra la retraite de Saint-Just au trône impérial. Il trouva dans cet état une satisfaction plus solide, en regardant avec compassion l’aveuglement et l’inquiétude des grands et des petits dans le monde, qu'il ne sentit de contentement, étant l'arbitre de ’Europe. »

Parmi les écrivains français, il s'est trouvé des hommes distingués, qui, se mettant au-dessus de la faiblesse des préjugés et des injustices nationales, ont parlé de Charles-Quint comme d’un des plus grands princes et des plus grands hommes dont l'histoire nous ait transmis le souvenir.

« On peut dire à l’égard de ce prince, dit le président de Thou, que la vertu sembla disputer avec la fortune pour l’élever, à l’envi l’une de l’autre, au plus haut point de la félicité dont il était digne ; et je ne crois pas que notre siècle, ni les temps les plus reculés, puissent nous donner un modèle d’un prince orné de plus de vertus, et plus digne d’être proposé aux souverains qui veulent gouverner avec des principes de justice et de vertu. »
« La religion, dit-il dans un autre endroit, fut son objet principal, et on doit rapporter à ce motif presque tout ce qu’il fit pendant la guerre et durant la paix, et surtout ce qu’il entreprit pour procurer, malgré des obstacles infinis, un concile légitimé qui pût mettre la paix dans l’Église ; dessein qui fut tant de fois renversé, soit par l'ambition de Papes qui n’agissaient pas en cela de bonne foi, soit par nos guerres toujours renouvelées avec un malheureux succès. Cependant il suivit toujours ce pieux projet, et en vint heureusement a bout. »

Voltaire, après avoir démontré par des faits que Charles n’a jamais eu l’ambition que quelques écrivains lui attribuent, et après avoir fait observer qu’il distribuait des États que rien ne l’empêchait de garder pour lui-même, renverse l’opinion qui attache le repentir à la retraite de ce prince dans le monastère de Saint-Just.

« L’empereur, dit-il, avait résolu depuis longtemps de dérober à tant de soins une vieillesse prématurée et infirme, et un esprit détrompé de toutes les illusions... La commune opinion est qu’il se repentit ; opinion fondée seulement sur la faiblesse humaine, qui croit impossible de quitter sans regret ce que tout le monde envie avec fureur. Charles oublia absolument le théâtre où il avait joué un si grand personnage. »
« Ce grand prince, dit le continuateur de Bossuet, renonça tout à fait au monde ; et par une retraite qui le séparait des choses de la terre, il eut le plaisir de survivre, pour ainsi dire, à lui-même. »

 

 

 

 

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