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Bouracan ou Barracan, Bouracanier

Terme du Petit dictionnaire de l'habillement

 



Bouracan : substantif féminin. On disait autrefois Barracan. Gros camelot, ou étoffe tissue de poil de chèvre, qui sert à faire des manteaux de pluie. Ce mot vient de l’Italien baracane (Ménage). D’autres le dérivent de varocino, ou varonico, parce que c’était une étoffe qui était particulièrement propre à vêtir les hommes que les Espagnols nomment varones. Du Cange le dérive de barres, parce que leurs fils ou leurs lisses représentent des barres.
(Dic. Furetière, 1690)


Bouracan ou Barracan. . Étoffe non croisée, qui est une espèce de camelot d’un grain beaucoup plus gros que l’ordinaire. On s’en sert à faire des manteaux, des surtouts, et autres semblables vêtements, pour se garantir de la pluie.
Les Bouracans se tissent et se travaillent sur un métier à deux marches, avec la navette, de même que les camelots et les toiles. Le fil de la trame en est simple, retors, et fin filé ; et celui de la chaîne en est double, ou triple, c'est-à-dire, que chaque brin de chaîne est composé de deux ou trois fils bien tors ensemble. La matière la plus ordinaire, dont on se sert pour les fabriquer, est la laine ; quelquefois on y fait entrer du chanvre.

Il y a des Bouracans, dont la laine est teinte, avant que d’être travaillée sur le métier : ce font ceux-là que l’on nomme Bouracans teints en laine. Il y en a d’autres qui se fabriquent en blanc, et que l’on teint ensuite en rouge, noir, bleu, brun, etc. Ces derniers sont appelés Bouracans teints en pièce, parce qu’ils n’ont été teints, qu’après que les pièces ont été levées de dessus le métier.

Les Bouracans ne se foulent point ; on les fait seulement bouillir deux ou trois fois dans l’eau claire, au sortir du métier, pour empêcher qu’ils ne godent, ou ne grippent ; ce qui s’appelle, les faire passer par le bouillon : ensuite on les met sous la calandre, pour les bien unir ; puis on en forme des manières de rouleaux aplatis, que l’on empointe par les deux bouts, avec de la menue ficelle. Ce sont ces rouleaux, que l’on nomme Pièces de Bouracans.

Les bonnes qualités du Bouracan sont  d’être bien uni, d’un grain rond, et si serré, que l’eau ne fasse que couler dessus, sans pouvoir passer à travers.
Les Villes où il se fabrique le plus de Bouracans, sont Valenciennes, Lille, Abbeville, Amiens et Rouen.
Ceux de Valenciennes sont les plus estimés : ils sont composés tout de laine, tant en chaîne, qu’en trame. Leur largeur ordinaire est de deux tiers d’aune ; de la pièce a vingt-trois aunes de longueur, mesure de Paris.
Ceux de Lille sont aussi fabriqués tout de laine,
et ont la même longueur de largeur que ceux de Valenciennes ; mais ils leur sont inférieurs en qualité.
Ceux d’Abbeville sont à peu près semblables à ceux de Valenciennes, soit pour la matière dont ils sont composés, soit pour leur largeur de longueur ; aussi les appelle-t-on ordinairement, Bouracans façon de Valenciennes, quoiqu’ils ne soient ni si fins, ni si bons.

Ceux qui se fabriquent à Amiens, sont pareillement tout de laine, et sont de deux largeurs et longueurs.
Les premiers, qui sont appelés étroits, n’ont que demie-aune de large, et vingt-une aunes de longueur. Ceux-là ont du rapport à de gros camelots, ce qui les fait nommer quelquefois camelots fil retors, ou camelots à gros grains.
Les seconds, qui sont nommés larges, ont trois quarts de largeur, de la pièce vingt-trois aunes de long. La plupart des Baracans d’Amiens se font en blanc, et sont ensuite teints en diverses couleurs. Ceux de demie-aune se dégorgent ordinairement dans l’eau avec les pieds, avant que de les faire passer par le bouillon, et par la teinture.

Les Bouracans de la Manufacture de Rouen sont les moindres de tous. Il s’en fait de deux sortes ; les uns tout de laine, tant en chaîne qu’en trame, et les autres dont la chaîne est de chanvre, et la trame de laine ; la largeur des uns et des autres est de deux tiers ; de la longueur des pièces, de vingt-trois aunes.

L’article 19 du Règlement général des Manufactures, du mois d’Août 1669, et l’Arrêt du Conseil du 19 Février 1671, ont réglé les longueurs et largeurs des Bouracans. Quoiqu’il paraisse par ces Règlements, que les longueurs des pièces de Bouracans n’aient été fixées qu’à vingt-une, de vingt-trois aunes, néanmoins les Ouvriers sont dans l’usage d’en fabriquer depuis vingt-une aunes, jusqu’à quarante-deux.

Bouracans teints en laine. Ce sont les Bouracans dont la laine est teinte avant de la travailler sur le métier.
Bouracans teints en pièce. Ce sont ceux qu’on ne met à la teinture qu’au sortir du métier.
Rouleau de Bouracan. C’est une pièce de Bouracan qui a tous ses apprêts, et qui est roulée et empointée.

Les droits d’entrée qui se payent en France pour les Bouracans, sont différents suivant les lieux d’où ils viennent, et ceux qui les font entrer.
Les Bouracans, fabrique de Hollande, payent 3 livres la pièce de 22 aunes,  et ne peuvent entrer que par Calais et Saint-Valéry, suivant les Arrêts dès 8 Novembre 1687, et 3 Juillet 1692.
Les autres Bouracans étrangers, la pièce de 22 aunes, payent 30 pour cent de leur valeur, et doivent entrer par les Ports ci-dessus.
Les Bouracans de fabrique Française, seulement 3 livres la pièce, aussi de 22 aunes, en rapportant certificat en bonne et due forme, du lieu ou ils auront été fabriqués. Cette dernière fixation est tirée du Tarif de 1667, les deux autres du Tarif de 1699.


Bourcanier, ou Barracanier. Artisan qui fabrique des bouracans.
Il est défendu à tous Maîtres Bouracaniers de couper aucune pièce de bouracan, et de la lever de dessus le métier, quelle n’ait été auparavant visitée par les Esgards ou Jurés de leur Communauté, et que le plomb n’y ait été par eux appliqué et marqué sur l’étille. Art. 18 et 19 des Statuts de la Manufacture d’Abbeville, homologués au Conseil le 30 Octobre 1670.


(Dic. Universel du Commerce, Savary, 1748)

 

 

Terme décrivant les tissus utilisés pour les habillements et équipements.
et Terme des métiers et artisans qui produisent de l'habillement et des équipements

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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.


 

 

 

 

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