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                  PAR LES FRÈRES MONTGOLFIER  
                
                  
                    
                        Ce fut à Avignon que les frères Montgolfier, depuis si célèbres par l'invention des aérostats, firent le premier essai, en petit, de l'aérostation.  
                          De retour à Annonay, où ils avaient fixé leur résidence, et encouragés par le résultat précédemment obtenu, ils se mirent à construire un appareil de grande dimension et résolurent d'exécuter, sur une des places de la ville d'Annonay, une expérience solennelle, pour faire connaître et constater publiquement leur découverte.  
                          Cette expérience eut lieu le 4 juin 1783, en présence de la ville entière. 
                          L'assemblée des états particuliers du Vivarais, qui siégeait  
                         
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                        en  ce moment dans la ville d'Annonay, assista en corps à cet essai mémorable. 
                          La nouvelle de l'ascension d'Annonay, répandue bientôt dans Paris, y causait une impression des plus vives. La curiosité du public et des savants était très excitée.  
                          On demanda que l'expérience fût faite à Paris. Les frères Robert, habiles constructeurs d'instruments de physique, furent chargés de construire un ballon, et le professeur Charles surveilla les travaux.  
                          Après des difficultés sans nombre, ils parvinrent  à lancer l'aérostat, qui plana quelque temps dans les airs, excitant un enthousiasme indicible parmi les  spectateurs. 
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                  LE PREMIER AÉROSTAT A GAZ HYDROGÈNE, LANCÉ AU CHAMP-DE-MARS,  
                  A PARIS, PAR CHARLES ET ROBERT  
                
                  
                    
                        Le 27 août, 1783, l'on avait  dû porter, de nuit, pour éviter des désordres, le premier aérostat, gonflé de  gaz hydrogène qui eût jamais été fabriqué. Le temps de préparer le gaz  hydrogène, de le gonfler, il fut trois heures de l'après-midi quand il se  trouva prêt à partir. Trois cent mille personnes, c'est-à-dire la moitié de la  population de Paris (à cette époque) s'était donné rendez-vous au  Champ-de-Mars. 
                          A cinq heures, un coup de canon annonça que  l'expérience allait commencer ; il servit en même temps d'avertissement pour  les savants qui, placés sur la terrasse du garde-meuble, sur les tours de  Notre-Dame et à l'École militaire, devaient appliquer les instruments et les  calculs à l'ob- servation du phénomène. Un sentiment d'enthousiasme 
                         
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                        indicible  s'empara alors de l'esprit des spectateurs. L'idée qu'un corps, parti de la terre, voyageait en ce moment dans l'espace,  avait quelque chose de si merveilleux ; elle s'écartait si fort des lois  ordinaires que l'on ne pouvait se défendre des plus vives impressions. Beaucoup  de personnes fondirent en larmes, d'autres s'embrassèrent comme en délire.  L'aérostat ne fournit pas toute la carrière qu'il aurait dû parcourir : une  déchirure par où le gaz s'échappa s'étant produite. Il s'abattit au milieu  d'une troupe de paysans de Gonesse, que cette apparition frappa d'épouvante,  car ils s'imaginèrent que la lune tombait du ciel. Revenus de leur frayeur, ils  se précipitèrent avec fureur sur la pauvre machine et la mirent en pièces. 
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                  MONTGOLFIÈRE LANCÉE A VERSAILLES EN PRÉSENCE DU ROI  
                  (19 septembre 1783 ).  
                
                  
                    
                        Etienne Montgolfier, sur le désir exprimé par l'académie  des sciences, était arrivé à Paris pour répéter l'expérience du ballon à  feu telle qu'il l'avait exécutée à Annonay.  Il fit préparer sa machine, l'essaya le 11 septembre 1783. On la vit se  dresser sur elle-même, se gonfler et prendre en dix minutes la forme d'un globe  énorme. Huit hommes qui la retenaient perdirent pied et furent soulevés à plus d'un  mètre. 
                          Ils eussent été soulevés beaucoup plus haut, mais  on opposa à temps de nouvelles forces. Cependant un orage ayant éclaté, le  tissu du ballon, détrempé par la pluie, ne fut bientôt plus qu'une loque. Il fallait cependant une expérience pour le 19  septembre, à Versailles. 
                           
                         
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                         Aidé de quelques  amis, Montgolfier se remit à l'œuvre. On travailla avec tant d'empressement et  d'ardeur, que cinq jours suffirent pour construire un autre aérostat : il avait  fallu un mois pour achever le premier. Ce nouveau ballon, de forme entièrement  sphérique, était construit avec beaucoup plus de solidité ; il était d'une  bonne et forte toile de coton; on l'avait même peint en détrempe. L'ascension  eut lieu le 19, dans la grande cour du château de Versailles, en présence de toute la cour et d'une foule  compacte accourue de tous côtés. L'aérostat, qui avait rapidement atteint une  grande hauteur, .retomba dix minutes après, à une lieue de  Versailles, dans les bois de Vaucresson. 
                            
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                  PREMIER VOYAGE EXÉCUTÉ DANS UNE MONTGOLFIÈRE  
                  PAR  PILATRE DE ROZIER ET LE MARQUIS D'ARLANDES,  
                  LE 21 NOVEMBRE 1783.  
                
                  
                    
                        Le 21 novembre 1783, en  présence du dauphin et de sa suite, pressés dans les jardins de la Muette, Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes exécutèrent ensemble le premier  voyage aérien. 
                          Malgré un vent violent et un ciel orageux, le  ballon s'éleva avec rapidité et se maintint toujours à une très grande  hauteur, de telle manière que les habitants de Paris qui accouraient en foule  de toutes parts, pouvaient l'apercevoir du fond des rues les plus étroites. 
                          On vit l'aérostat longer l'île des Cygnes, traverser  la Seine, s'approcher de Saint-Sulpice, arriver en plaine au delà du 
                           
                         
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                        mur d'enceinte,  entre la barrière d'Enfer et la barrière d'Italie 
                          Le marquis d'Arlandes, trouvant que  l'expérience était complète et pensant qu'il était  inutile  d'aller plus loin dans un premier essai, cria à son  compagnon : « Pied à terre ! » 
                          Ils cessèrent le feu, la machine s'abattit lentement  et se reposa sur la butte aux Cailles. Ainsi se termina sans secousse le premier voyage aérien qui ait jamais  été enregistré et qui était un trait d'audace. 
                          Sur la foi de leur courage et sans aucune précaution,  ils avaient accompli l'une des entreprises les plus extraordinaires que l'homme ait  jamais tentées. 
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