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Les Chansons de Beaumarchais

Titre du 7ème volume des oeuvres complètes de Beaumarchais - Reproduction © Norbert Pousseur


 

COUPLETS,

Pour la Fête de M. LE NORMANT D'ÉTIOLE.

 

1er Couplet.

Mes chers amis, pourriez-vous m'enseigner
    Z'un bon seigneur dont chacun parle ?
Je n'sais pas trop comment vous l'désigner :
    C'pendant z'on dit qu'il a nom Charle.
                  Non Charle-Quint, ( jarni)
                  Si grand coquin, ( s'fit-y )
    Qu'il dévasta la terre ronde ;
        Mais le Chariot d'ici, (morgué)
        Qui n'a d'autre souci, (pargué)
Que d'rendre heureux le pauvre monde

2.

Quand-y-promet, son bon cœur est l'garant
    Qu'il va pus loin que sa parole ;
Et si pourtant z'on dit qu'il est Normand !
    Oui, mais c'est le Normand d'Etiole.
                  Tant d'aut' seigneurs, (jarni)
                  Ont des hauteurs, ( s'fit-y )
    Et s'font haïr tout à la ronde.
        Chez lui ses paysans, ( pargué )
        Sont comme ses enfants : (morgué)
Ça s'appelle aimer l'pauvre monde.

3.

Hier au soir, en pensant à Charlot,
    J'poussit un peu not' minagère.
« — Nani, Lucas, j'entends à demi-mot,
    J'n'ons qu'trop d'enfants. — Eh ! laiss' toi faire :
                  Chariot viendra, (jarni)
                  Les nourrira ; (s'fit-y)
    Tout l'pays d'ses bienfaits abonde. »
        Au seul nom d'not' seigneur, ( pargué )
        Margot m'ouvrit son cœur : (morgué)
Vlà c'qui fait plaisir au pauvr' monde.

4.

                    Quand l'paysan
               A d'I'amour sans argent,
          Le plaisir Va comme j'te pousse :
                     Mais not' seigneur,
               Qui sait c'qu'i faut z'au cœur,
          Leux fait la cadence du pouce :
                  « Allez, m's enfants, (jarni)
                  » Boutez-vous d'dans, (s'fit-y)
    » Sans le mariag' rien n'se féconde. »
        Et v'là comme d'un seul mot, (pargué )
        Not' ben aimé Charlot, (morgué)
Vous fait z'engrainer l'pauvre monde.

5.

L'hiver passé j'eut un maudit procès
    Qui m'donna ben d'la tablature !
J'm'en vas vous l'dire : y-m'avions mit-exprès
    Sous c'te nouvell' magistrature.
                  Chariot venait, (jarni)
                  Me consolait ; ( s'fit-y )
    Ami, ta cause est bonne et ronde.
        Ah ! comme-y-m'ont jugé ! (morgué)
        Y'ia-t-i pas qu'est ben chié ? ( chanté)
Est-c' qu'on blâme ainsi l'pauvre monde ?

6.

                    Monsieur l'curé
               Dit qu'pour êtr' écuré
    Faut tous l'zans aller à confesse ;
                     Qu'c'est un devoir.
               Chacun à beau l'savoir,
    On z'y va comm' les chiens qu'on fesse.
                  Mais quand i faut ( jarni)
                  V'nir au château ( s'fit-y )
    Pour fêter Charlot à la ronde,
        Etre ou non invité, (pargué)
        Pour boire à sa santé, ( morgué )
Dam' faut voir courir l'pauvre monde.

7.

Si j'suis jamais marguiller t'une fois,
    Que d'fêt' j'ôt'rons dans not' village !
Le mardi gras, la Saint-Martin, les Rois,
    Bon ceux-là ; l'rest' nuit à l'ouvrage :
                  Sont-ils plus saints, (jarni)
                  Qu' ceux d'la Toussaints ? (s'fit-y )
    Mais pour Charle et Manon la blonde,
        Ah ! comme j' les r'quiendrons, (pargué)
        Pour nos deux bons patrons ! (morgué )
V'la les saints qu'i faut au pauvr' monde.

 

Note de l'éditeur de 1809 : Cette chanson, écrite dans une espèce de patois, fut composée presque instantanément. M. de Beaumarchais étant arrivé à la campagne de M. Le Normant d'Etiole au moment où l'on célébrait sa fête, quelques personnes le prièrent de faire des couplets; il se retira à part quelques minutes, brocha à la hâte cette chanson, et chargea un des acteurs de la comédie française, qui se trouvait présent, d'endosser un habit de villageois et de la chanter à l'assemblée. Le cinquième couplet décéla l'auteur. Ce fut un nouveau véhicule pour accroître le désir de retenir cette chanson très-originale, et composée sur un air très-marquant, très-propre à la faire retenir. Chacun voulut l'avoir et en prit des copies. Le lendemain on la chanta dans tout Paris.

 

Remarque : La présente présentation graphique des couplets est reprise de l'original de 1809


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