Texte et gravure extarite de la 'Galerie historique de la Révolution française'

VERGNIAUD, né à Limoges (1759), avocat à Bordeaux, fut nommé député de la Gironde en 1791 et se montra constamment ennemi de la royauté ; il se distingua dans l’Assemblée par son éloquence, car, malgré son caractère indolent et peu ambitieux, il laissait voir parfois un cœur noble, une intelligence active ; et lorsqu’il était animé, l’énergie sublime trouvait sur ses lèvres des expressions faciles que la souplesse de son organe rendait avec charme.
C’est lui qui, en septembre 93, fit déclarer la patrie en danger et vota la mort de Louis XVI avec l’appel au peuple, ne voyant pas d’autre moyen d’échapper à la guerre civile ; car on se souvient que Louis XVI étant venu réclamer sa protection au 10 août, Vergniaud avait répondu :  « Vous pouvez compter sur la fermeté de l’Assemblée, toujours prête à défendre l’autorité. »
Nommé membre de la Convention, il se déclara contre la Montagne, et s’attira la haine de Robespierre qui, l’accusant de fédéralisme et d'opinions anti-républicaines, le cita à la barre ainsi que 22 Girondins ses amis. Arriva alors la journée du 31 mai, fatale à ce parti ; Vergniaud dit à ses collègues : « Jurons de rester  fidèles à notre devoir et de mourir à notre poste, plutôt que d’abandonner la chose publique. »
Malgré sa belle défense, il fut condamné, se montra fier et dédaigneux en entendant prononcer la sentence et sublime pendant la dernière nuit ; il jeta du poison qu’il avait sur lui pour mourir avec ses amis. Il mourut le 31 octobre 1793.