INTRODUCTION 
Nous avons cru faire tout à la fois une œuvre nationale et  artistique  
en réunissant dans une même galerie les personnages les plus  marquants de 89 à 93. 
 Un roi faible, mais honnête homme, expiant sous la main du  bourreau les fautes de ses prédécesseurs ;  la vieille monarchie dont l’histoire se  confondait avec celle de la France, violemment brisée ; une société entière détruite de fond en comble et  reconstituée sur de nouvelles bases, tel fut le prodigieux enfantement de la  Révolution française. 
 Fatale à la noblesse et au clergé qu’elle déposséda de  biens considérés par eux comme légitimes ;  favorable à la bourgeoisie et au peuple qui lui doivent la conquête de droits  jusqu’alors méconnus, cette Révolution a laissé des traces qui ne s’effaceront  jamais. 
 Les admirables cahiers des États généraux résumèrent le travail philosophique dont le  souffle avait depuis longtemps pénétré toutes les couches sociales. 
La philosophie du XVIIIe siècle fut la préface  de la Révolution qui eut pour cause déterminante le désastre financier préparé  par les règnes de Louis XIV et de Louis XV. 
Pacifique dans sa première période, le mouvement ne se  signala d’abord que par des transports de joie et des élans d’enthousiasme  indescriptibles. 
Qui ne se souvient de la fameuse nuit du 4 août, où,  noblesse, clergé et Tiers-État, rivalisant d’abnégation, vinrent déposer sur  l’autel de la patrie, ceux-ci, leur ressentiment, ceux-là leurs privilèges et  leurs prérogatives, et s’unirent tous dans un même sentiment d’amour pour leur  pays ; nuit mémorable qui eut un terrible  lendemain. 
Un moment assoupies les haines implacables produites par le  choc des idées et des intérêts se réveillèrent bientôt, éclairs sinistres et  avant-coureurs de l’orage de 93. 
 Plusieurs auteurs ont déjà décrit cette grande époque  encore brûlante d’actualité, dans laquelle les actes les plus héroïques se  mêlèrent aux plus horribles événements. Chacun d’eux a traité le sujet selon  son tempérament philosophique ; de là,  des jugements et des doctrines historiques contraires. 
Thiers est celui de tous qui a mis le moins de passion dans  son récit, s’étudiant à reproduire les faits avec une précision et une clarté  qui ne laissent rien dans l’ombre ; son  livre est un tableau fidèle, sobre de tons et de couleurs tranchées, mais d’une  vérité saisissante. 
 
C’est donc à l'Histoire de la Révolution française de Thiers que nous destinons notre album pour en faire le  complément le plus indispensable. 
Le texte des notices biographiques de notre galerie  historique est naturellement empreint du même esprit que l’ouvrage de Thiers et  ceux de nos lecteurs qui ne possèdent pas cette belle œuvre trouveront dans ces  notices suffisamment d’éléments historiques pour apprécier les grandes phases  de la Révolution et le rôle que chacun des personnages y a joué. 
Pour que nos lecteurs puissent se pénétrer de l’esprit  général de l’ouvrage de cet éminent auteur, nous mettons sous leurs yeux un  extrait de l’avant-propos d’une des dernières éditions : 
 « Je  me propose d’écrire l’histoire d’une Révolution qui a  profondément agité les hommes et qui les divise encore aujourd’hui ; je ne me dissimule pas les  difficultés de l’entreprise, car les passions que l’on croyait étouffées sous  l’influence du despotisme militaire, viennent de se réveiller...  
Quoi  qu’il en soit, j’ai taché d’apaiser en moi tout sentiment de haine, je me suis  tour à tour figuré que, né sous le chaume, animé d’une juste ambition, je voulais  acquérir ce que l’orgueil des hautes classes m’avait injustement refusé, ou  bien, qu’élevé dans les palais, héritier d’antiques privilèges,  il m’était douloureux de renoncer à une position que je prenais pour une  propriété légitime. Dès lors, je n’ai pu m’irriter, j’ai plaint les combattants, et je me suis dédommagé en adorant les âmes  généreuses  »  THIERS. 
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Ci-dessous, avant de passer aux personnages célèbres de cette époque, quelques documents post-révolutionnaires, provenant d'un petit fascicule vers 1830. 
  Blessures glorieuses mais mortelles, 
la honte éternelle des soldats du despotisme
  
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Fac similé des balles de cuivre, des balles mâchées qu'on a retirées des blessures dés défenseurs de la liberté 
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Maudites balles! hélas! ils meurent tous!
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Avec 
la 
Liberté  
 
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Vive le prince royal Duc d'Orléans
 
 
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Gloire aux barricades, berceau de la liberté ! 
Vivre libre ou mourir
! c'est le cri de la France. 
Soudain Paris armé sur ses tyrans s'élance 
et d'un trône en débris s'élève radieux, 
PHILIPPE, citoyen couronné, par nos voeux ! 
(en médaillon dans les nuages : A Philippe Ier, roi des français) 
 
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