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Page de garde de l'Abrégé de la vie des plus fameux peintres - Gravure  reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

Jacques Cavedone
peintre lombard
né en 1577 et mort en 1660

Jacques Cavedone, peintre italien - Gravure  reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

 

 

Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle.

 

Jamais  peintre n'a trouvé une manière plus belle et plus expéditive, que Jacques Cavedone ; jamais disciple ne s’est acquis une réputation si rapide, pour tomber ensuite dans une médiocrité de talents et un état de misère, qui ont peu d’exemples.
Jacques Cavedone naquit à Sassuolo dans le Modénois, en 1580, Son père Pelegrin Cavedone, qui était Apothicaire, le chassa fort jeune de sa maison, Toute sa ressource alors fut d’entrer page chez un gentilhomme qui aimait la peinture, et qui avait un cabinet de tableaux. À force de les examiner et de les copier à la plume, son maître qui y trouvait du bon, le mena chez Annibal Carrache, qui conseilla au jeune homme de continuer à copier tout ce qui s’offrirait à sa vue, et qui lui donna quatre de ses dessins à imiter.
Deux auteurs le disent fils d’un peintre médiocre, et que le corps de ville de Sassuolo l'envoya à ses dépens, étudier à Bologne chez les Carraches.
Quoi qu’il en soit, le Cavedone fit des progrès très rapides ; il allait souvent destiner le nu dans l’école du Passerotti et dans celle du Baldi. Ses  dessins, quoique faits à la hâte, étaient si beaux, que le Tiarini, au désespoir de voir que Cavedone en avait fait deux, pendant qu’il en avait à peine fini un, lui arracha ses dessins et les mit en pièces. Quelques coups donnés de part et d’autre terminèrent ce différend.

Les ouvrages du Titien attirèrent le Cavedone à Venise, et le fortifièrent à un point, que sa réputation fut promptement établie. Les belles fresques  du Tibaldi lui servirent infiniment à son retour, sans jamais abandonner le goût d’Annibal  dont il fut élève pendant quelque temps. Ce grand peintre ne pouvait se lasser de louer la manière facile et expéditive du Cavedone, qui rendait les contours du nu d’une manière encore plus simple que tous les autres. Le Guide le voulut voir opérer, et le fit venir à Rome pour le soulager dans ses grandes entreprises. Malgré le bon traitement qu’il lui fit, le Cavedone ne resta pas longtemps  avec lui ; il alla se marier à Bologne.
Ses études, à son retour, furent si extraordinaires, et il continua de travailler pour les églises  avec tant de succès, qu’il fut estimé pendant un temps, égal à Annibal ; et plusieurs de ses tableaux passèrent même pour être de ce grand peintre. Le Roi d’Espagne avait dans sa chapelle une Visitation  de sa main, que le Colonna, le Velázquez et Rubens jugèrent être d’Annibal ; pareille méprise  était arrivée à Venise chez le Sénateur Grimani, et arrivait tous les jours à Bologne, surtout au sujet du beau tableau de St Alo. C’était assurément le plus grand éloge que l'on pût faire des ouvrages du Cavedone, que de les croire de la main des fameux Carraches.

Les commencements de ce peintre furent admirables, son milieu très médiocre, et son dernier temps misérable. Il éprouva bien des malheurs dans fa famille ; sa femme que l’on croyait ensorcelée, et son fils qui mourut de la peste, le firent tomber malade ; son esprit s'affaiblit au point, qu’il fut longtemps sans peindre, et il se jeta dans la dévotion. Peut-être aussi que sa tête fut affaiblie par la chute d’un échafaud qui manqua sous lui lorsqu'il peignait dans l’église de san-Salvatore à  Bologne. Il en fut longtemps incommodé ; la peur lui ôta l’esprit, et il se trouva comme hébété après cet accident. La peinture ne l’occupait que dans des moments d’enthousiasme ; mais sa main ne lui obéissait plus, et son génie ne pouvait  rien produire de bon.
L’état de sa fortune en fut entièrement dérangé ; la misère où cet artiste se trouvait réduit, était un reproche aux Princes de ce temps et aux Grands du pays. Cavedone devint si pauvre qu’il fut obligé de peindre des Ex-voto. La comparaison qu’il fit alors de ses derniers ouvrages avec ceux qui lui avaient acquis tant de réputation, ne fit qu’augmenter son affliction. Il demandait publiquement l’aumône, en gémissant sur son état présent. Étant un jour tombé en faiblesse dans la rue, un ancien ami le mena dans sa maison, lui donna à manger et l’habilla entièrement, Cavedone attendait avec patience les décrets du ciel, lorsque tombé évanoui dans une des rues de Bologne, on le porta dans une écurie voisine, où il mourut sur le champ, en 166o, âgé de quatre-vingt ans.
Il serait peu judicieux d’être choqué de cet état de misère : le plus noble des arts peut-il être avili par ces revers de fortune ? Belisaire réduit à la condition de mendiant, ne déshonore pas plus la qualité de Général d’armée, que les malheurs qu'essuya Cavedone déshonorent la réputation de grand peintre.
Il est à croire qu’il ne tenait pas entièrement son art de la nature, elle n’abandonne jamais ses ouvrages. On ne peut penser autrement ? quand on compare dans les mêmes églises de Bologne, ses premiers tableaux, qui ont mérité l’approbation de tout le monde, avec ses dernières productions, qui sont extrêmement faibles.
Son fils, qui mourut avant lui, fut son élève, ainsi qu'Ottavio Coradi, Battista Cavazza, le Torri, le Sirani et le Borboni.

La première manière de dessiner du Cavedone, était dans le goût des Carraches ; il se servait ordinairement de papier bistré, arrêtant ses contours à la plume, et lavant le reste au bistre. Souvent le fond de son papier était épargné pour les lumières, quelquefois il mettait du blanc au pinceau (On appelle épargner le fond du papier, quand, dans un lavis, on ne couvre point entièrement le blanc du papier, duquel on se sert pour éviter de mettre du blanc au pinceau.). Les compositions de ce maître sont élégantes, avec une grande intelligence de clair-obscur , accompagné de beaucoup de correction. A l’égard des caractères des têtes, les yeux en sont pochés ; ils sont moins nobles que ceux d'Annibal, et le contour de ses figures est plus sec. C’est la différence que l'on peut mettre entre ces deux maîtres pour ne les pas confondre.

Ses principaux ouvrages sont à Bologne : on voit dans l’église dé Mendicanti, le tableau où san-Alo et san-Petronio sont à genoux devant la Vierge, qui est dans une gloire ; à saint Paul, une nativité ; une adoration des Rois, dans la chapelle Arrigoni, peinte à l’huile sur le mur ; au plafond, la fuite en Égypte, à fresque ; la circoncision et Notre-Seigneur au milieu des docteurs ; dans le cloître de saint Michel in Bosco, la mort de saint Benoît, et son apothéose ; pour l'hôpital de saint François, le tableau de saint Antoine tenté par le diable ; dans l’Église de san-Archangelo, l’on voit dans la chapelle Caprara le tableau de la cène ; et le petit tableau de saint Pierre martyr, qui repréfente son supplice dans l’église de ce nom ; dans celle de san-Salvador, en face de la sacristie, une figure du Sauveur ; une cène ; les quatre docteurs de l’Église peints à fresque ; à san-Martino maggiore, un angle du dortoir rempli de plusieurs saints dont les têtes sont admirables ; un petit tableau à santa Maria nuova, qu’on prétend être de Louis Carrache.
Dans le palais Marescalchi à Bologne, on voit le plafond d’une chambre peint à fresque, où sont des fables tirées du Tasse.
À Crevalcore, dans l’oratoire d’une confrérie, les stigmates de saint François.
À Sassuolo, dans l’oratoire de saint Etienne, le tableau du saint.
Dans la galerie du Duc de Parme, on trouve plusieurs Vierges ; un saint Laurent ; une sainte famille ; saint Pierre avec la servante de Pilate ; la Vierge avec saint François et saint Charles ; une Charité en grand.
Au palais Scotti, à Plaisance, plusieurs belles Vierges.
Il y a au palais Royal, deux tableaux de ce maître ; l’un est une Vierge assise donnant à téter à l’enfant Jésus, avec saint Etienne et saint Ambroise, peinte sur toile ; l’autre est une Junon, qui paraît dormir, elle est peinte sur toile, de grandeur naturelle, et elle plafonne.
On ne connaît guère qu’une pièce gravée par Mitelli, elle représente la Vierge dans une gloire, et en bas, saint Alo et saint Pétrone.

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