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Deuil : Petit et Grand deuil

Terme du Petit dictionnaire de l'habillement

Anne de Bretagne, reine de France en deuil, dessinée  par J.A. Lafosse - Gravure reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur

 

Deuil, du mot latin Dolor, se dit non-seulement de l’affliction que l'on ressent de la perte d’une personne chère ou d’un événement qu’on regarde comme funeste, mais encore de l’habit que l’on porte pour marquer sa tristesse dans ces occasions. Vestis lugubris, Vestimentum funebre.
Le grand deuil se porte en France avec du drap noir sans ornements, des manteaux longs, du linge uni et de grand crêpe. Les veuves le portent avec une barbe et un grand voile de crêpe.
En petit deuil, les dames portent des étoffes et des rubans noirs mélangés de blanc. Le roi et les cardinaux le portent en violet.

Jusqu'en 1498, date de la mort d'Anne de Bretagne, les veuves de simples particuliers prenaient à peu près le costume des religieuses, mais les reines et les princesses, les dames et demoiselles de qualité portaient le deuil en blanc, ce qui a fait donner à quelques veuves de nos rois le surnom de reines blanches. On a cependant prétendu que cet usage ne s’introduisit que sous Henri II.

 

* En Espagne, à la mort des princes, on se vêtait de serge blanche pour porter le deuil. On le fit pour la dernière fois en 1498, à la mort du prince dom Jean, fils du roi Ferdinand et d’Isabelle.
* En Chine, on le porte avec des habits blancs et il dure trois ans.
* En Turquie, on le porte en bleu ou en violet.
* En Égypte, en jaune ou en feuille morte.
* En gris chez les Ethiopiens.
* En noir en Europe : mais on tend en blanc, du moins en France, pour les célibataires.
* Au Pérou, on le portait gris-de-souris.
* Rabelais le fait porter en vert.
* Les dames grecques et romaines portaient le deuil en blanc.
* Les habits de deuil étaient noirs au IVe siècle. Que dis-je ? Dès le commencement du IIe siècle, Adrien fut neuf jours habillé de noir pour la mort de l’impératrice Plotine.


Chaque nation croit avoir de bonnes raisons devoir choisi une certaine couleur pour marquer le deuil. Le violet, étant une couleur mêlée de bleu et de noir, témoigne d’un côté la tristesse et de l’autre ce qu’on souhaite aux morts, le séjour du ciel, ce que prétendent aussi indiquer ceux qui portent le bleu. Le blanc désigne la pureté ; le jaune ou feuille-morte fait voir que la mort est la fin des espérances humaines et de la vie, parce que les feuilles des arbres quand elles tombent, et les herbes quand elles sont flétries, deviennent jaunes. Le gris signifie la terre où les morts retournent ; le noir marque la privation de la vie ; parce qu’il est une privation de lumière.

Cette coutume, aussi générale qu’ancienne chez tous les peuples, surtout chez les Français, de témoigner par un deuil extérieur l’affliction que nous fait éprouver la perte de nos parents, est une de celles dont il nous est le moins permis de nous dispenser. Cependant, en 1793, le gouvernement qui pesait alors sur la France déclara la guerre au deuil, et défendit aux douloureux sentiments de ceux qui avaient perdu des personnes qui leur étaient chères, de le manifester par la couleur noire, et même par des larmes. Le noir était si rigoureusement proscrit qu’un habit de cette couleur, qui avait coûté quatre-vingts francs, ne se vendait que trois francs aux brocanteurs. Dans le temps même que le sang ruisselait sur les échafauds, et qu'une infinité de familles avaient à déplorer la mort tragique de quelques-uns de leurs membres, tout signe extérieur de tristesse eût passé pour un signe de royalisme et d7aristocratie. Il est vrai que si le deuil eût été permis, les deux tiers des habitants de la France auraient été vêtus de noir.

Après le 9 thermidor, les habits de deuil parurent de toutes parts. Cet usage si respectable, de prendre le deuil à la mort de nos parents, n'a plus souffert d'atteinte depuis cette mémorable époque. Le deuil qui ait été le plus généralement porté dans ces derniers temps est celui de Louis XVIII. On eût dit, à voir le nombre prodigieux de personnes vêtues d*étoffes noires, dans la capitale et les départements, que chaque Français avait perdu son père. II méritait sans doute ces regrets, un prince qui, par une charte immortelle, avait assis sur une base inébranlable les libertés publiques et le bonheur de ses peuples.

 

 

Vers Anne de Bretagne en robe de deuil Anne de Bretagne en robe de deuil

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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.


Sans mention particulière, cette définition provient des notes de cet ouvrage.

 

 

 

 

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