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Étamine ou Estamine

Terme du Petit dictionnaire de l'habillement

 

Estamine ou Étamine. Petite étoffe très légère, non croisée, composée d’une chaîne et d’une trame, qui se fabrique avec la navette sur un métier à deux marches, ainsi que les camelots et la toile.
Il se fait des Estamines tout de soie, tant en chaîne qu’en trame ; d’autres, dont la trame est de laine, et la chaîne de soie ; d’autres, dont la chaîne est moitié soie et moitié laine, et la trame tout de laine ; et d’autres entièrement de laine, tant en chaîne qu’en trame.

Les Estamines toutes de soie font des espèces de crêpes-lisses, dont la soie n’est pas tout à fait si torse que celle des crêpes-lisses ordinaires. Ces Estamines se tirent particulièrement d’Avignon et de Lyon. Les femmes s'en servent à faire des écharpes, et des coiffes pour le deuil.

Les largeurs ordinaires de ces sortes d’Estamines de soie, font cinq huit, ou demie-aune demi quart ; et demie-aune juste : chaque pièce ayant quatre-vingt à quatre-vingt-deux aunes de  longueur, mesure de Paris.
Les Statuts des Marchands, Maîtres, Ouvriers en draps d’or, d'argent, et soie, et autres étoffes mélangées, des Villes de Paris, Lyon, et Tours, de l’année de 1667, portent, que ces sortes d’Étamines soient de bonne et pure soie, tant en chaîne qu’en trame.

Les Estamines toute de laine, ou mêlées de soie et de laine, qui se débitent en France, sont presque toutes de la fabrique du Royaume. Les lieux où il s’en fait le plus, sont Reims, Amiens, Châlons, Montmirel, le Lude, le Mans, Nogent-le-Rotrou, Bonnestable, Alençon, la Ferté- Bernard, Angers, Beaumont-le-Vicomte, Blois, Château-Gontier, Authon, la Flèche, Basoche, Niort, Poitiers, et Thouars.

Les largeurs et longueurs de toutes ces Estamines sont fixées par divers Règlements et Arrêts du Conseil, et particulièrement par le Règlement de 1669, et par les Arrêts du Conseil des 4 Novembre 1698, et 17 Mars 1717.
Le premier Règlement est général pour toutes les Estamines.
Le second ne regarde que les Estamines fabriquées en Poitou.
Le troisième a été donné pour celles qui se font à Amiens.
L’article 22 du Règlement général porte, Que les Estamines auront demie-aune de large, et onze à douze aunes de long.
L’Arrêt du Conseil d’État donné pour servir de Règlement particulier pour les étoffes de laine, qui se fabriquent dans la Province de Poitou, ordonne :
1°. Que les Estamines foulées, qui doivent avoir demie-aune de large, et vingt-une aunes de long toutes apprêtées, auront demie-aune et un demi-douze de large, et vingt-cinq à vingt-six aunes de long en toile, au sortir du métier.
2°. Et que les Estamines camelotées, qui doivent avoir demi-aune de large, et trente-cinq à quarante aunes de long, toutes apprêtées, seront faites de demie-aune demi-seize de large, et de quarante à quarante-cinq aunes de long en toile, au sortir du métier.
A l’égard de l’Arrêt pour les petites étoffes fabriquées à Amiens, il y a quatre articles, qui sont les 5,6,7, et 8, qui concernent les Estamines.
Par le premier de ces articles il est ordonné, que les Estamines virées simples, autrement dites Jaspées, auront la chaîne de trente-cinq à trente-six portées de vingt-huit fils ou buhots chacune ; de demie-aune de largeur entre deux lisières, et de treize à quinze aunes de longueur ; les doubles pièces à proportion.
Par le second, Que les Estamines virées double soie, auront la chaîne aussi de trente-cinq à trente-six portées, mais seulement de seize à dix-huit fils ou buhots chacune : la trame de laine d’Angleterre naturelle, et de longueur et largeur, comme les virées simples, ou jaspées.
Par le troisième, Que les Estamines façon de crépon d’Alençon, double soie, auront trente-cinq portées de chaîne, de quatorze fils ou buhots de longueur et largeur, comme dessus.
Enfin, par le quatrième, Que les Estamines glacées, autrement dites de Soie glacée, auront la chaîne de double soie, et de trente-cinq à trente-six portées de vingt à vingt-deux fils ; que la trame en fera de laine naturelle, et non de fil teints la largeur comme les précédentes, et la longueur de trente-deux aunes.

Quoique les Règlement aient fixé la longueur des pièces d’Estamine sur le pied qu’il vient d’être dit, cependant les Ouvriers ne laissent pas d’en  faire depuis onze jusqu'à soixante aunes, même davantage ; ce qui se tolère apparemment pour en faciliter le travail, ou pour en rendre le débit plus commode, par rapport aux divers usages, à quoi elles peuvent être propres.

Les Estamines ont des noms différents, suivant leurs qualités, et les choses à quoi elles doivent être employées.       
On appelle Estamine à voile, certaines Estamines toutes de laine, ordinairement noires, qui se tirent la plupart de Reims.
Il se fait de trois sortes d’Estamines à voile ; les premières, qui sont les plus claires, se nomment Bâtardes ; les secondes sont appelées Demi-fortes ; et les autres sont nommées Fortes, Burats, ou Burattes.
On leur a donné le nom d’Estamines à voiles ; parce que les Religieuses en emploient beaucoup a faire des voiles : il s’en consomme néanmoins quantité en cravates pour les Cavaliers et Dragons, particulièrement des bâtardes et des demi-fortes ; car pour les autres, leur usage le plus ordinaire est pour des robes de Palais, des doublures, des juste-au-corps, des vestes d’été, des habits de veuves, etc.

On nomme Estamine buratée, une sorte d’Estamine brune et blanche toute de laine, façonnée de petits carreaux, en manière de losanges presque imperceptibles, qui se fabrique à Reims, et ailleurs.

Les Estamines rayées sont celles qui ont des raies de différentes couleurs, qui vont en longueur depuis un bout de la pièce jusqu'à l’autre. Il ne s’en fait guère de cette espèce qu’à Reims : elles sont très légères, et tout de laine, tant en chaîne qu’en trame.

Il y a des Estamines fortes, que l’on appelle communément Crêpons d’Angleterre, ou Estamines jaspées, qui se fabriquent ordinairement à Alençon, à Amiens, et à Angers, dont la trame est de laine, et la chaîne, moitié laine d’une couleur, semblable à celle de la trame, et moitié soie d’une autre couleur ; ce qui en fait la jaspure. L’on prétend que ces sortes d’Estamines ont pris leur nom de Crêpons d’Angleterre, à cause quelles sont un peu plus crêpées que les Estamines communes ; et que les premières de cette espèce, qui se soient vues en France, venaient d’Angleterre.

On appelle Estamines glacées, certaines Estamines très légères et brillantes, dont la trame est de laine d’une couleur, et la chaîne de soie, d’une  autre couleur. Il ne s’en fait guère qu’à Amiens de cette qualité.

Une Estamine camelotée, est celle dont le grain est semblable à celui du camelot. Il y a des Estamines camelotées à gros grain, et des Estamines camelotées à petit grain. Les unes et les autres se font ordinairement en blanc, et sont ensuite teintes en différentes couleurs, mais particulièrement en noir.
La plus grande partie des Estamines camelotées vient du Mans, du Lude, et de Nogent-le- Rotrou. Leur usage le plus commun est pour faire des habits aux Gens d’Église.

Les Estamines naturelles sont celles dont la laine n’a point été teinte ; ayant été cardée, filée, et travaillée sur le métier, telle qu’on l’a tirée de dessus le mouton.

Quand on dit, qu’une Estamine a été teinte en laine ; cela veut dire, que la laine dont elle a été fabriquée, a été teinte avant que d’être cardée et filée.
Une Estamine teinte en fil, est une Estamine, dont les fils, tant de la chaîne que de la trame, ont été teints, après avoir été filés.
Les Estamines teintes en pièces, sont celles qui, après avoir été manufacturées avec de la laine blanche, sont teintes en noir-brun, ou autre couleur.

Il est défendu de teindre des Estamines directement de blanc en noir : il faut, avant que de leur donner le noir, qu’elles aient été guédées, ou mises en bleu ; ce qui se reconnaît à la rose bleue que le Teinturier doit laisser à l’un des bouts de la pièce. Art. 11, 12, et 34 du Règlement du mois d'Août 1669, pour les Teintures en grand et  bon teint.

Les Estamines foulées sont des Estamines qu'on a fait passer par le foulon, après qu’elles ont été levées de dessus le métier ; ce qui les a rendues plus couvertes de poil, et plus fortes que les autres. Les Estamines foulées sont pour l’ordinaire tout de laine, tant en chaîne qu’en trame.

Il se fabrique à Reims, et en Auvergne, particulièrement à Olliergues, à Cunlhac, à Sauxillanges, et à Thiers, quantité de petites Estamines tout de laine très claires, rendues et inégales, qui servent principalement à bluter ou passer la farine et à passer des bouillons, du lait, et autres semblables liqueurs.
Ces deux usages les a fait appeler Bluteaux et Bouillons ; quoique pourtant elles s’emploient aussi à faire des banderoles pour les vaisseaux, et des ceintures aux Matelots, après qu’elles ont été teintes en bleu, en rouge ou autres couleurs.
Les bluteaux, ou bouillons, se font de sept largeurs différentes, qui se distinguent par numéros : celles n° 6, ont un quart d’aune de large ; celles n° 9, un tiers ; celles n° 13, demie aune et un pouce de Roi ; celles n° 15, un quart et demi ; celles n° 18, demie-aune moins un douze ; celles n° 20, demi-aune et un douze ; et celles n° 30, demie-aune demi-quart. De chaque numéro il y en a de grosses, de moyennes, et de fines.
Ces sortes d’Estamines ne sont point assujetties aux longueurs et largeurs prescrites par les Règlements généraux des Manufactures, non plus qu’aux visites et marques des Jurés et Gardes ; en ayant été déchargées par un Arrêt du Conseil d’État du Roi, du 13 Mai 1673, rendu en faveur des Marchands et Ouvriers de la Province. Les longueurs les plus ordinaires sont néanmoins de quinze à seize aunes.
Quoique les bluteaux et les bouillons ne soient pas de grand prix, ils ne laissent pas cependant de faire un objet assez important pour le négoce ; s’en faisant une très grande consommation dans le Royaume, et des envois considérables dans les  Pays Étrangers, particulièrement en Allemagne, par la voie de Lyon.

Il se fabrique encore à Reims et à Lyon, certaines Estamines de soie crue ; qui servent à bluter de la farine, à sasser de l’amidon, et à passer des liqueurs. Celles de Reims ont pour l’ordinaire un tiers et un pouce de large ; et celles de Lyon, demi-aune demi-quart, les pièces plus ou moins longues, suivant qu’on le juge à propos.

Suivant le Tarif de 1664, les Estamines de Reims, et d'ailleurs, doivent payer les droits de sortie du Royaume, et des Provinces réputées étrangères, sur le pied de 6 livres du cent pesant ; et celles d’Auvergne, a raison de 4 livres aussi du cent pesant. A l’égard de l'entrée, il n'y a que celles d'Auvergne qui soient tarifées, et dont les droits soient fixés à 3 livres du cent   pesant. Les Estamines qui viennent d'ailleurs, doivent être acquittées sur le pied de cinq pour cent de leur valeur, suivant l’estimation, comme marchandises non comprises dans le Tarif ; ce qui doit s’entendre seulement pour celles manufacturées dans le Royaume ; car pour les autres qui viennent des pays étrangers, le Tarif veut quelles payent dix pour cent de leur valeur.

Les droits que les Estamines payent a la Douane de Lyon, sont, savoir :
Les Estamines d'Auvergne, pour tous droits d'ancienne et de nouvelle taxation, 32 sols de la charge, ou  8 sols du ballon.
Les Estamines de Reims, 5 solsde la pièce.
Et les Estamines avec soie, la pièce de dix aunes, 7 sols 6 deniers.

Estamine des Indes. Les Estamines qui viennent des Indes, par les vaisseaux de la Compagnie de France, sont des Étoffes de soie de deux aunes et demie de longueur, sur sept-seize de largeur.


Estaminier
. Celui qui fabrique ou qui vend des Estamines à Reims. On distingue deux sortes d’Estaminiers, savoir, les Estaminiers ordinaires et les Estaminiers Bourgeois ; ceux-ci ne sont pas du corps des Esftaminiers-Facturiers, mais sont des espèces de Privilégiés. Il y en a quatre à Reims de cette sorte.



(Dic. Universel du Commerce, Savary, 1748)

 

Terme décrivant les tissus utilisés pour l'habillement

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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.

 

 

 

 

 

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