Puisque
                    nous décrivons l'Hôtel
                  de Ville décoré des armes municipales, donnons
                  la signification de ces armes : le chef d'azur, semé  de
                  fleurs de lis d'or, montre que Paris est la capitale de l'ancien
                  duché et de tout le royaume de France. Les fleurs de
                  lis sans nombre, indiquent qu'elles sont sur l'écu municipal
                  antérieurement à Charles V, qui réduisit à trois
                  les fleurs de lis de l'écu royal ; c'est Louis IX qui
                  accorda à la ville le droit de porter ce chef dans ses
                  armes. Le vaisseau d'argent, sur une onde aussi d'argent,
                  représente l'antique Lutèce, qui fut consacrée
                  dès le temps des Romains au culte d'Isis, déesse
                  de la navigation, et qui dut sa naissance et ses accroissements
                  au commerce par eau. C'est d'ailleurs, le symbole de sa
                  corporation de mariniers.   Revenons au pavillon de l'Horloge;
                  cette partie de l'édifice fut restaurée et reconstruite
                  en 1864 et 1865. Un escalier de pierre , placé sous
                  l'horloge, montait à une cour intérieure
                  décorée d'arcades, au-dessus desquelles étaient
                  des inscriptions gravées en lettres d'or et rappelant
                  les victoires de Louis XIV (elles avaient été rédigées
                  par André Félibien, père de l'historien).
                  Sous une de ces arcades, celle qui faisait face à l'entrée
                  de l'Hôtel, se trouvait la statue pédestre en
                  bronze de ce roi, par Antoine Coysevox. Louis XIV, habillé en
                  triomphateur romain, portait la perruque en usage au XVIIe
                  siècle. Cette statue, mutilée en 1793, fut cachée
                  dans les magasins du Roule ; à la fin de 1814, elle
                  fut, après avoir été  restaurée
                  par MM. Dupasquier, sculpteur, et Thomire, fondeur, rétablie à son
                  ancienne place. 
                Cette cour
                    offrait aussi les portraits en médaillons
                  de plusieurs prévôts des marchands. Il en restait
                  encore quelques-uns en 1817, mais depuis, la cour ayant été restaurée,
                les portraits disparurent. 
                Un campanile élégant surmontait le pavillon
                  ; en 1781 il y fut placé une horloge de Jean André  Lepaute.
                  Le cadran était éclairé pendant la nuit
                  ; ce campanile fut refait sur de plus grandes proportions,
                  par M. Baltard, en 1866; sa hauteur au-dessus du sol était
                  de 55 mètres ; des trois cloches qu'il contenait, l'une,
                fondue en 1610, pesait 4000 kilogrammes. 
                Déjà,
                    au XVIIIe siècle, l'Hôtel
                  de Ville avait paru insuffisant, et en 1749, il fut question
                  de le rebâtir sur un plan plus vaste, de l'autre côté de
                  la Seine, sur l'emplacement de l'hôtel de Conti (Hôtel
                  des Monnaies). Un arrêt du Conseil du 22 août 1750,
                  autorisa l'acquisition de l'emplacement moyennant 160,000 livres,
                mais il ne fut  pas donné suite à ce projet qui
                avait rencontré dans le public une très vive opposition.
                En 1770, on songea de nouveau à l'agrandissement du Palais
                municipal; un arrêt du Conseil du 11 janvier prescrivit
                cet agrandissement ; on y lit : « sur ce que les prévôts
                des marchands et échevins de la ville ont représenté que
                l'hôtel Commun n'est pas d'une étendue proportionnée à la
                magnificence de la capitale, et ses bâtiments se trouvant
                d'ailleurs insuffisants pour les opérations qui s'y font
                journellement, et notamment pour le paiement des rentes
                dues par Sa Majesté, il doit être, conformément
                audit plan, construit une nouvelle façade audit Hôtel
                de Ville, en face de la rivière, et ajouté une
                aile à la jonction des rues Jean-de-l'Épine et
              de la Vannerie, etc. »                | 
              
                Malheureusement
                    l'époque n'était pas propice
                  : on manquait de fonds. La Révolution survint sans qu'on
                  eût rien exécuté, et, sous le Consulat,
                  le préfet de la Seine vint prendre possession de l'ancienne
                  demeure du prévôt des marchands. — La suppression
                  de l'hôpital du Saint-Esprit et de l'église Saint-Jean,
                  permit d'attribuer leurs locaux aux bureaux de la Préfecture,
                  ainsi que le constate une délibération des Consuls
                  du 5 frimaire an XI : « les bureaux de la Préfecture
                  du département de la Seine, ceux de la Commission des
                  contributions et du Conseil de préfecture, seront transférés à  l'Hôtel
                  de Ville de Paris, et ! dans les bâtiments du Saint-Esprit,
                  avant le 1er germinal. — Art. 2. Les registres et papiers
                  du domaine national seront transférés dans les
                  bâtiments de Saint-Jean en Grève. » 
                Un décret de l'Empire du 24 février 1811, porta
                  : « Il sera fait à l'Hôtel de Ville de Paris
                  les augmentations convenables pour que dorénavant,
                  dans les fêtes municipales, il ne soit plus nécessaire
                  de faire des constructions provisoires; ces travaux seront
                  commencés cette année.» Ils le furent en
                  effet, sous la direction de l'architecte Molinos, et une distribution
                  nouvelle eut lieu dans les principales parties de l'édifice,
                  et l'hôtel particulier du préfet de la Seine fut édifié sur
                  l'emplacement de l'hôpital du Saint-Esprit. On y remarquait
                  trois salons décorés d'un style uniforme,
                  et qui, séparés par des cloisons mobiles, pouvaient
                  se réunir à volonté pour ne former qu'une
                  seule pièce qu'on nommait Salle des Fastes. 
                Malgré  ces
                    additions, et quelques autres de moindre importance qui s'effectuèrent
                    sous la Restauration, l'Hôtel de Ville ne suffit point
                    encore à l'accroissement
                  des divers services administratifs ; on fut obligé de
                  faire l'acquisition d'une propriété voisine et
                  de louer une maison de la rue Lobau, mais tous ces palliatifs
                  laissaient subsister le besoin d'un nouveau palais municipal
                  digne de la grande cité ; d'un autre côté,
                  l'Hôtel de Ville était entouré d'un pâté de
                  maisons hideuses,  établies le long de ruelles étroites,
                  sordides, où le soleil ne pénétrait
                  jamais ; sortes de cloaques infects où languissait toute
                  une population  étiolée; le gouvernement
                  de Louis-Philippe se résolût enfin à mettre
                  l'Hôtel de Ville en harmonie avec les splendeurs
                  de la capitale, et le Conseil municipal donna son approbation
                  au projet d'agrandissement qui lui fut soumis et dont le principal
                  mérite était de laisser intact le monument primitif. 
                Une ordonnance
                    royale fut rendue à cet effet, le 24
                  août 1836, et les travaux commencèrent sous la
                  direction de MM. Godde et Lesueur, architectes. Les constructions
                  nouvelles couvrirent l'emplacement de l'ancien hôpital
                  du Saint-Esprit, de l'ancienne église Saint-Jean et
                  d'une grande quantité de maisons particulières.
                  Elles comprenaient, sur la place de l'Hôtel de Ville,
                  deux nouveaux corps de bâtiments attenant à des
                  pavillons d'angle; au nord, sur la rue de Rivoli, et au sud,  sur
                  le quai de la Grève, deux longues galeries latérales
                  qui reliaient la façade de la place à une nouvelle
                  façade élevée place Lobau. La forme de
                  l'ensemble était celle d'un immense parallélogramme
                  que des bâtiments transversaux divisaient intérieurement
                  en trois corps parallèles. 
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