Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage  
              Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours, publié par A. Mifliez en 1835 
                
            Le  Prévôt des marchands était un magistrat du premier  ordre ; il présidait au bureau de la ville et y jugeait avec les échevins. Il  avait soin de la police des ports, de la taxe des marchandises qui arrivaient  par eau, et de la navigation. Urbis prœpositus. Il connaissait des causes des marchands pour fait de  marchandises amenées dans Paris sur la rivière entre les quatre tours ;  des causes des officiers de police en ce qui concernait leurs charges ;  des rentes constituées sur l'hôtel de-ville et des différends qui en  naissaient, etc. C'était lui qui ordonnait les cérémonies publiques de la ville.  Il représentait à la cour les bourgeois et le peuple. On l'appelait Maire dans les villes où il n'y avait pas  de prévôt des marchands. 
              
            Son costume :   cette représentation copiée d'une gravure en bois faite du temps de François Ier,  représente un de ces magistrats. Il porte une robe de satin cramoisi. Le bonnet  est de même couleur que la robe. Le béguin est noir ainsi que la longue pièce  d'étoffe qu'on y remarque et qui descend sur la poitrine. L'escarcelle est  verte rehaussée d'or. 
              
            Histoire 
 En 1170,  une compagnie des plus riches bourgeois de Paris établit dans cette ville une  confrérie sous le titre de Confrérie des marchands de l'eau. Ils  achetèrent à des abbesses et des religieuses de Haute-Bruyère un terrain hors de  la ville, et fondèrent leur confrérie dans l'église de ce monastère. Cet  établissement fut confirmé par des lettres patentes de la même année.  
 On  prétend' néanmoins que rétablissement de la Prévôté des marchands de Paris  remonte jusqu'au temps des Romains ; que les marchands de Paris fréquentant  la rivière de Seine, par laquelle se faisait alors tout le commerce, formaient  entre eux un collège ou communauté sous le titre de Nautœ Parisiaci. Un  monument trouvé en 1710, en fouillant sous le chœur de  l'église Notre-Dame, a fait conjecturer que ces Nautes  avaient un chef qui tenait 1a place qu'occupa depuis le prévôt des  marchands.  
 Quoi qu'il en soit, il est certain que l'institution du prévôt  des marchands est fort ancienne. Il paraît même que dans l'origine tous  ceux de la confrérie des marchands qui furent choisis pour officiers,  étaient nommés prévost des marchands, c'est-à-dire préposés, prœpositi  mercatorum aquœ. C'est ainsi qu'ils sont nommes dans un arrêt de 1268,  rapporté dans les Olim. Dans un autre arrêt de 1273, ils sont nommés scabini,  et leur chef magister scabinorum.   
 Il y en avait donc un à cette époque, qui était distingué des autres par un  titre particulier, et qui fut dans la suite représenté par le prévôt des  marchands. En effet, dans le recueil manuscrit des ordonnances de police  de Paris qui fut fait du temps de Saint Louis, les échevins et leur chef sont  désignés sous ces différents titres : li prévost de la confrérie des  marchands et li échevins ; li prevost et li jurés de la marchandise ;  li prevost et li jurés de la confrérie des marchands ;  ailleurs il est nommé le prévôt de la marchandise de l'eau, parce qu'il  avait, ainsi que nous l'avons dit, la juridiction du commerce qui se faisait  par eau. 
            Le  27 janvier 1382, à l'occasion d'une sédition arrivée à Paris, Charles VI supprima le prévôt des marchands et l'échevinage de la ville de Paris, et  réunît le tout à la prévôté de la même ville, en sorte qu'il n'y eut plus alors  de prévôt des marchands ni d'échevins ; mais le 1er mars 1388, le roi  rétablit le prévôt des marchands et les échevins ; il paraît que leur  juridiction ne leur fut rendue qu'en 1411. 
            Le  prévôt des marchands était nommé par le roi et avait le titre de chevalier. 
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