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Jean Ier duc de Bourbon
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Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Jean de Bourbon naquit en 1381, et succéda en 1410 à son père Louis II dans le duché de Bourbon et les seigneuries de Combraille, de Beaujolais et de Dombes, mais non dans la charge de Grand-Chambrier, dont le duc de Bourgogne, tout-puissant alors, le priva pour la donner à Philippe, son frère, comte de Nevers. Dès 1404, il porta le titre de comte de Clermont, et après la mort de sa mère, il eut aussi le comté de Forez. Il suivit, à l’exemple de son père, et avec la même ardeur, le parti de la maison d’Orléans contre le duc de Bourgogne. Ces deux princes avaient contracté dans leur première jeunesse une confraternité d’armes; mais, après l’assassinat du duc d’Orléans, Jean de Bourbon rompit avec l’auteur de ce crime, et se déclara hautement contre lui. Il fut du nombre des princes qui signèrent, en 1412, l'ignominieux traité par lequel ils s’engageaient à mettre Henri IV, roi d’Angleterre, en possession des provinces cédées aux Anglais par le traité de Brétigny. Quelque teins après, le duc de Bourgogne ayant amené le roi et le Dauphin devant Bourges, pour attaquer la ligue des princes dans son centre, le duc de Bourbon défendit la ville avec tant de valeur et d’habileté, qu’il obligea les assiégeants à lever le siège ; et les chefs des deux partis s’étant rendus à Auxerre, signèrent un traité de paix. La discorde ayant rallumé son flambeau, le duc de Bourbon parcourut, avec une armée de Parisiens, l’Anjou, le Poitou, le Berry, et purgea ces provinces des troupes de brigands qui les infestaient. Étant passé (1414) en Picardie avec Hector de Bourbon, son frère naturel, qui l’avait accompagné dans la campagne précédente, il ouvrit celle-ci par le siège de Compiègne. Hector y fut tué; le duc lui-même y reçut une blessure qui le mit hors de combat; l’armée s’étant enfin emparée de la ville, se vengea de ce double échec en égorgeant les habitants et la garnison, et en attachant le commandant Bournonville à un gibet. Guéri de sa blessure, Bourbon occupa Bapaume et mit le siège devant Arras. Le roi, le Dauphin, le connétable et tous les princes étaient à la tête de l’armée ; mais le duc de Bourbon et le comte d’Armagnac, en dépit du connétable et au mépris de ses droits, se rendirent maîtres de toutes les opérations. Elles cessèrent au bout de six semaines par un accommodement que la comtesse de Hainaut ménagea et qui fut ratifié par le duc de Bourgogne. De retour a la cour, le duc de Bourbon, non moins galant que guerrier, ne s’y occupa qu’à inventer avec la reine et le Dauphin de nouvelles fêtes et de nouveaux divertissements, tandis qu’on laissait le roi (Charles VI) manquer du nécessaire et le peuple gémir dans la misère et l’oppression. Aiguillonné par des idées de chevalerie il publia, au milieu de ces réjouissances, un cartel qui paraîtrait étrange de nos jours et qui n’avait rien d’extraordinaire de son temps. Cependant le Dauphin, jaloux de l’autorité que les dues de Bourbon et d’Orléans avaient usurpée, tramait sourdement leur perte. La conspiration fut découverte et la prudence des ducs la fit évanouir, mais obligés, peu de temps après, de remettre au Dauphin les rênes du gouvernement, ils abandonnèrent la cour pour se retirer dans leurs domaines. Le séjour qu’ils y firent ne fut point long. La descente du roi d’Angleterre en Normandie et les progrès rapides qu’il faisait dans cette province les tirèrent de leur retraite. L’un et l’autre furent pris à la funeste bataille d’Azincourt, et emmenés prisonniers à Londres. On ne les plaignit point, parce que c’étaient eux qui avaient engagé cette bataille, de concert avec le duc d’Alençon, contre l’avis des autres chefs de l’armée. La rançon du duc de Bourbon, au bout d’un an, fut fixée à cent mille écus. Il la paya jusqu’à trois fois sans pouvoir obtenir sa liberté. Henri V poussa même l’injustice jusqu’à recommander en mourant de ne point relâcher les ducs d’Orléans et de Bourbon avant que son fils fut possesseur de la monarchie française. Le duc de Bourbon ne soutint pas avec constance la longueur de sa captivité. Vaincu à la fin par l’ennui, non seulement il offrit de payer une quatrième rançon, non seulement il consentit à livrer aux Anglais les principales places de ses domaines, mais il eut encore la faiblesse de reconnaître Henri VI pour son légitime souverain. Le traité qu’il fit à ce sujet n’eut point lieu, par le refus que fit le comte de Clermont, son fils, de le ratifier. Le duc resta dans les fers avec la boute d’avoir voulu les rompre par une infamie. Il mourut à Londres, en 1434. Dix-huit ans après, son corps fut rapporté au prieuré de Souvigny. Il avait épousé en 1400 Marie de Berry, qui mourut aussi en 1434.
Marie de Berry, sa femme, est tirée du même armorial. Elle était fille de Jean de France, duc de Berry, frère du roi Charles V. Elle fut mariée en premières noces a Louis de Châtillon, comte de Dunois, et après sa mort, à Philippe d’Artois, comte d’Eu, connétable de France. En troisièmes noces, elle épousa Jean 1er, duc de Bourbon. Sa couronne est d’une forme extraordinaire; l’agencement de cette figure est tel qu’un coup-d’œil doit suppléer à une description. Elle porte sur son vêtement de dessus de Bourbon, parti de Berry.
Souliers à la poulaine : L’historien Villaret prétend que l’existence des souliers à la poulaine est due à Henri, fils de Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, qui, regardé comme le prince le plus accompli de son temps, gémissait de voir ses grâces naturelles défigurées par une excroissance de chair assez longue qu’il avait au bout du pied ; pour dérober la vue de cette difformité, il portait une chaussure dont le bout se terminait en griffe. M. de Sainte-Foix pense que de la longueur des souliers à la poulaine est venu le proverbe : Il est sur un grand, pied en France. Quelle que soit son origine, il a donné lieu à plusieurs plaisanteries, parmi lesquelles nous choisirons la suivante. Un bossu, qui se piquait sans doute de savoir les origines, voulut un jour faire usage de celte expression contre un homme qui avait un pied très grand, mais sans aucune prétention à la noblesse : « Il faut avouer, lui dit-il, que vous êtes, monsieur, sur un grand pied en France. » L’homme au grand pied se contente de lui répondre : « Il est vrai, monsieur, que la fortune ne m’a pas tourné le dos. »
Le cartel de Jean 1er : « Nous Jean, due de Bourbonnois, désirant échiver oisiveté et explecter notre personne en avançant nostre honneur par le mérite des armes, y acquérir bonne renommée et la grâce de la très-belle dont nous sommes serviteurs, avons n’agueres voué et empris que nous accompagnés de seize aultres Chevaliers et Equiers de noms et d’armes, porterons à la jambe chascun un fer de prisonnier qui sera d’or pour les Chevaliers, d’argent pour les Equiers, par tous les Dimanches de deux ans entiers, commençant le Dimanche prochain après la date des présentes, au cas que plustôt ne trouverons pareil nombre de Chevaliers et Equiers de nom et d’armes sans reproche, que tous ensemblement nous veuillent combattre à pied jusqu’à outrance, par telles conditions que ceux de nostre part qui seront outrés, seront quittes chascun pour un brasselet d’or aux Chevaliers , et un d’argent aux Equiers, pour donner » là où bon leur semblera. Fait à Paris, le Ier janv. 1414 » Les cartels : Pour bien comprendre ceci , il faut se rappeler qu’avant l’invention de la poudre à canon , les guerriers ne se servaient que de la lance, du bouclier et de l’épée, soit pour les combats singuliers, soit pour les batailles générales. Ne désirant pas rester oisifs en temps de paix, ils voyageaient et visitaient les cours des rois et des princes les plus renommés : là, ils faisaient des emprises ou entreprises d’armes, c’est-à-dire qu’ils défiaient les plus vaillants à la joute, soit à fer émoulu ou à lance morte, soit à outrance, suivant le contenu de leur cartel, ou suivant la permission qui leur était accordée. L’honneur de leur nation, la gloire de leurs rois, ou la beauté et le mérite de leurs dames, étaient les principales causes qui les aiguillonnaient. Quelquefois ils gardaient des pas sur des ponts ou sur des chemins et places les plus fréquentées ; ils appendaient leurs écus armoriés de leurs armes, ou enrichis de quelques chiffres ou devises particulières, à des arbres, ou à des pals et des colonnes dressés pour cet objet, et obligeaient tous les chevaliers qui désiraient passer, à combattre et jouter contre eux ; mais s’ils étaient plusieurs ligues ensemble qui eussent résolu de garder le pas, il y avait autant d’écus pendus à ces arbres ou colonnes, qu’ils étaient de chevaliers ; alors, pour éviter toute contestation, le chevalier qui désirait passer touchait avec sa lance un de ses écus, et celui à qui il appartenait était tenu de combattre; ensuite le vaincu était le plus souvent obligé de donner un gage au vainqueur qui l’offrait à sa dame; souvent aussi le vaincu donnait le portrait de sa dame, et disait son nom et le sien, et de quel pays ils étaient. D’autres fois les conventions de l’emprise portaient que le vaincu serait obligé d’aller se rendre prisonnier à la merci du roi ou prince souverain du vainqueur, et de lui avouer franchement qu’ayant été renversé à la joute, il était obligé de venir se mettre à ses pieds et se rendre son prisonnier, pour le temps qu’il plairait à Sa Majesté ; ils étaient aussi quelquefois tenus d’aller trouver la dame du vainqueur, et de se mettre à sa merci ; dans ce cas le roi ou la dame avaient coutume d’en user le plus généreusement qu’il leur était possible, et d’honorer de tout leur pouvoir les chevaliers qui leur étaient ainsi envoyés. Lorsque les chevaliers des siècles passés allaient par les royaumes étrangers éprouver leur valeur, ils portaient quelques dons de leurs dames ; ils nommèrent ces présents des Emprises d’Amour, voulant donner à comprendre que leur principal but et entreprise ou emprise était de combattre pour l’amour de celles qui leur avaient donné ces précieux gages et aiguillons d’honneur. Une des emprises les plus remarquables est celle du brave et vaillant Saintré, contre un grand seigneur de Pologne, nommé le seigneur de Loiselench, qui portait pour emprise deux cercles d’or, l’un au-dessus du coude et l’autre au-dessus du coude-pied, tous deux enchaînés d’une longue chaîne d’or, ayant fait vœu de porter durant cinq ans lesdits cercles et lesdites chaînes, à moins qu’avant ce temps-là quelque chevalier plus vaillant que lui ne le délivrât de son vœu, en le combattant et devenant victorieux. Ce seigneur étant venu en France, accompagnés de seigneurs et d’écuyers, fit publier avec la permission du roi tous les articles de son emprise, et les combats qu’il désirait soutenir à pied et à cheval. Saintré, par les conseils de sa dame, ayant demandé et obtenu du roi la permission de se mesurer contre le seigneur de Loiselench, combattit si adroitement, si courageusement et avec un si favorable succès, qu’il demeura victorieux dans tous les combats à pied et à cheval, et le seigneur de Loiselench lui fit délivrer les prix par son héraut d’armes, en présence du roi et de la reine, et de toute la cour. Ces prix consistaient en un diamant de trois cents écus pour la victoire de la joute, un rubis balais de même valeur pour la victoire de l’épée, et un saphir d’aussi grand prix pour le combat du jet et pouls de la lance.
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