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Couronne

Terme du Petit dictionnaire de l'habillement

 

Couronne portée par  Louis Ier de Germanie, dessin de Léopold Massard - reproduction © Norbert Pousseur

 

Couronne : substantif féminin. La couronne est une marque de dignité, ornement que les Rois et les Souverains mettent sur leur tête pour marque de leur pouvoir absolu, surtout  dans les grandes cérémonies.
Le Pape porte une triple couronne. On met sur la tête des Rois une couronne, quand on les sacre. Il n’y a que les Rois Souverains qui aient droit de porter la couronne sur la tête. Les anciens Ducs et Comtes et Pairs, ou ceux qui les représentent aux Sacres des Rois, en portent aussi pendant la solennité seulement.
Du Cange dit que l’Empereur recevait une triple couronne, la première d’argent en Allemagne, la seconde de fer en la Comté de Milan, et la troisième d’or en divers lieux; et que l’Empereur Frédéric I eut cinq couronne d’or, la première à Aix la Chapelle pour le Royaume de France, la seconde à Ratisbonne pour celui d’Allemagne, la troisième à Pavie pour celui de Lombardie, la quatrième à Rome pour l’Empire Romain, et la cinquième à Modène pour le Royaume d'Italie.

Couronne, en termes de Blason, se dit aussi de la représentation de ces ornements qu’on met pour timbre aux Armoiries pour marquer la dignité des personnes. Elles sont même plus anciennes que les casques, et c’était autrefois une marque de Chevalerie. On appelle Couronnes rayonnées ou à pointes, celles des anciens Empereurs, qui avaient douze pointes qui représentaient, dit-on, les mois de l’année. On appelle couronnes perlées ou fleuronnées, celles qui ont des perles, des fleurons d’ache ou de persil, comme étaient autrefois presque toutes les couronnes, même celles des Souverains, qui n’ont été mises sur leurs Écus que depuis environ 200  ans.
Il y en a de plusieurs sortes. Celle de l’Empereur est un bonnet ou tiare avec, un demi-cercle d’or qui porte la figure du monde, cintré et sommé d’une croix. Elle fait voir son bonnet entrouvert sur les deux côtés de son cintre, et elle a par le bas deux fanons ou pendants comme les mitres des Évêques.
Celle du Roy de France est un cercle de huit fleurs de lis, cintré de six diadèmes qui le ferment, et qui portent au-dessus une double fleur de lis qui est le Cimier de France. Le Roy Charles VIII  est le premier qui l’a portée fermée. François I  l’a portée souvent ouverte. Mais depuis Henry II  tous les Rois de France, et même ceux des autres Royaumes, l’ont portée aussi fermée : et ce fut Charles VII  qui le premier mit la couronne sur l’écusson des fleurs de lis.
Celle du Roy d’Espagne est rehaussée de grands trèfles  refendus, que l’on appelle souvent hauts fleurons, et couverte de diadèmes aboutissants à un globe surmonté d’une croix. Philippes II a été le premier des Rois d’ Espagne qui ait porté la couronne fermée en qualité de fils d’Empereur.
Celle du Roy d’Angleterre est rehaussée de quatre croix de la façon de celles de Malte, entre lesquelles il y a quatre fleurs de lis. Elle est couverte de quatre diadèmes, qui aboutissent à un petit globe supportant une même croix.
Celles de la plupart des autres Rois sont de hauts fleurons ou grands trèfles, et aussi fermées de quatre, six ou huit cintres ou diadèmes, et sommées d’un globe croisé.
Celle du Dauphin de France est de même que celle du Roy, à la réserve qu’elle n'est fermée que de quatre diadèmes. Celles des Enfants de France sont ouvertes par le haut, et ont seulement les huit fleurs de lis. Les Princes du Sang Royal portent seulement quatre fleurs de lis, entre lesquelles sont des fleurons. Feu Monsieur le Prince de Condé est le premier qui ait porté une couronne toute de fleurs de lis, comme premier Prince du Sang. Boniface VIII  est le premier des Papes qui a mis trois couronnes sur sa tiare. Ce n’est que depuis cent ans que les Évêques Comtes ont mis des couronna sur leurs Armoiries.
Le Duc de Savoie qui se qualifie Roy de Chypre, porte couronne fermée de deux demi-cercles couverts de perles, et au-dessus un globe surmonté de la croix de St. Maurice,  qui est tressée.
La couronne du Duc de Florence est ouverte, et rehaussée de deux fleurs de lis épanouies, et de pointes et rayons aigus à la façon des couronnes antiques.
Celle des Archiducs a un seul demi-cercle en cintre garni de perles, qui porte un globe croisé, et est relevée de huit hauts fleurons enfermant un bonnet rond d’écarlate.
La couronne des Électeurs de l’Empire est une espèce de  bonnet qui est rouge et retroussé d'hermines, diademé d’un demi-cercle sommé d’un globe surmonté d’une croix d’or, que quelques Souverains d’Allemagne s’attribuent aussi.
Les Républiques de Venise et de Gennes ont aussi des couronnes fermées, à cause des Royaumes de Chypre et de Sardaigne.
Les Seigneurs qui ont des terres en Principauté, portent la couronne à l’antique, un cercle d’or rehaussé de douze pointes ou rayons aigus.
La couronne Ducale est toute de fleurons à fleurs d’ache ou de persil.
Celle des Marquis est moitié fleurons, et moitié perles alternées.
Celle des Comtes est de perles sur un cerclé d’or. On les appelle perles de compte, parce qu’on ne les vend pas au poids, ni à l'once, mais selon leur nombre.
Celle des Vicomtes est composée de neuf perles, de trois en trois entassées l’une sur l’autre.
Celle des Barons est une espèce de bonnet avec tortil ou des tours de perles en bande sur le cercle.
Les Vidâmes portent aussi des couronnes qui sont d’or garnies de perles, rehaussées de quatre croix pâtées, qui marquent qu’ils ont été érigé pour être les appuis de l’Église.
En Italie nul ne met la couronne sur ses Armes, le Doge seul y met le Bonnet Ducal, qu’on appelle autrement le Corne. En Allemagne toutes les couronnes des dignités sont également faites de feuilles de persil et à bas fleurons. Les couronnes ne sont pas des preuves d’ancienne Noblesse, et ne sont pas portées en qualité de Gentilshommes, mais seulement comme étant Seigneurs des terres qu’ils possèdent, qui ont titre pour la porter.

 

Couronne, est aussi un meuble dont on charge les Écus des Armoiries. L’Ecu de Suède est chargé de trois couronnes, pour marquer la Suède, la Norvège et le Danemark. La ville de Cologne porte aussi trois couronnes, en mémoire de trois Rois qu’on prétend y être enterrés, plusieurs villes d’Espagne portent aussi des couronnes par concession des Rois.

 

Couronne, signifie aussi le corps de l’État représenté par le Souverain. Il y a eu souvent rupture entre ces deux Couronnes. Les biens de la Couronne sont inaliénables, et avec le temps sont réunis à la Couronne.
Le Roy d’Espagne a perdu un des plus beaux fleurons de la Couronne, en perdant la Hollande. Le Connétable, le Chancelier sont des Officiers de la Couronne. Les Secrétaires du Roy se disent Secrétaires de la Maison et Couronne de France, et des Finances.

Couronne, se dit par extension de plusieurs ornements qu’on met sur la tête pour marques d’honneur ou de réjouissance. On donne aux guerriers des couronnes de laurier ; aux amants, de myrte; aux buveurs, de lierre. Les Bergères portent des couronnes de fleurs dans leurs fêtes.

Chez les Romains il y avait diverses couronnes pour récompenser les exploits militaires.

  • La couronne ovale était la première, et était faite de myrte, et se donnait aux Généraux, qui sans effusion de sang avaient eu victoire sur les ennemis, ou qui avaient vaincu des esclaves indignes d’exercer la vaillance Romaine.
  • La seconde était la navale, ou rostrale  qui était un cercle d’or relevé de proues et de poupes de navires, qu’on donnait au Capitaine ou soldat qui le premier avait accroché ou sauté dans un vaisseau ennemi.
  • La troisième nommée vallaire était aussi un cercle d’or relevé de peaux ou de pieux, que le General donnait au Capitaine ou soldat qui le premier avait franchi le camp ennemi, et forcé la palissade.
  • La quatrième, murale, était un cercle d’or crénelé qui le donnait à celui qui le premier avait monté sur la muraille d’une ville assiégée, et y voit arboré l’étendard.
  • La cinquième, civique, était faite d’une branche de chêne vert, qui se donnait à un citoyen qui avait sauvé la vie à un autre citoyen dans une bataille ou un assaut. Elle était fore estimée, et  fut même donnée à Auguste, et il en fut fait des monnaies avec cette devise, Ob cives servatos. On la donna aussi à Cicéron après qu’il eut découvert la conjuration de Catilina.
  • La sixième était la triomphale, faite de branches de laurier, qui se donnait au Général qui avait gagné quelque bataille, ou conquis quelque Province.
  • La septième était l’obsidionale ou graminée, parce qu’elle se faisait de gramen  ou des herbes qui se trouvaient sur le terrain. Elle se donnait aux Généraux qui avaient délivré une armée Romaine assiégée des ennemis, et qui les avaient obligés à décamper.
  • La huitième était aussi une couronne de laurier, que les Grecs donnaient aux Lutteurs, et les Romains à ceux qui avaient ménagé ou confirmé la paix avec les ennemis : c’était la moins estimée.

En termes de Théologie, on dit la couronne de gloire, pour dire, la béatitude éternelle ; la couronne du martyre, pour dire, la récompense certaine qui est due aux Martyrs. On orne aussi la tête des Saints d’une couronne de rayons, quand ils sont canonisés.

 

Couronne, se dit aussi de la Tonsure Cléricale ;  qui est la marque et le caractère des Ecclésiastiques. C’est un petit rond de cheveux qu’on rase au sommet de la tête, et qu’on fait plus ou moins grand selon la qualité des Ordres qu’on a reçus. Celle de Clerc est la plus petite. Celle des Prêtres et des Moines est la plus grande. Une couronne Monacale. Grégoire de Tours dit que St. Pierre Apôtre fut auteur de cette couronne en mémoire de la couronne d’épine de Notre-Seigneur. Autrefois on ne laissait qu’un petit bord de cheveux au bord de la tête: tout le reste était rasé, et formait la couronne. On appelle en quelques Rituels la première Tonsure, Benediàio Corons.

Les articles ci-dessus sont extraits du Dictionnaire Furetière, 1690

 

La couronne des rois était, dit le L. Legendre, quelquefois une couronne à rayons pareille à celle des empereurs, quelquefois un bandeau enrichi de deux rangs de perles (1er portrait), ou un bonnet fort élevé, autour duquel le nom du prince était en gros caractère formé de petits clous d’or (portraits 4, 5 et 6).
Ci-dessous, quelques illustrations de couronnes

Couronne à rayon de Louis 1er de Germanie, reproduction © Norbert Pousseur
Couronne à rayons
Couronne  de Hugues Capet, reproduction © Norbert Pousseur
Couronne fleuronnée
Couronne à clous avec Nimbe de Pépin le Bref - reproduction © Norbert Pousseur
Couronne à clous avec Nimbe
Couronne à bonnet portée par Chalemagne -  reproduction © Norbert Pousseur
Couronne à bonnet
Couronne à bonnet simple portée oar Lothaire 1er - reproduction © Norbert Pousseur
Couronne à bonnet simple
Couronne à bonnet et à clous portée par Louis le Débonnaire -  reproduction © Norbert Pousseur
Couronne à bonnet et à clous

 

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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.


Sans mention particulière, cette définition provient des notes de cet ouvrage.


 

 

 

 

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