Henri II, cinquante neuvième roi de France
1519 - 1559

J'ai réprimé par de saints édits les langues impies.

HENRY II, ROY DE FRANCE. Naquit l'an 1518, fils de François 1er, et de Claude de France, fut Sacré à Reims, par Charles Cardinal de Lorraine, 1547, et épousa Catherine de Médicis, fille du Duc d’Urbin. À son arrivée les affaires ne changèrent point de face, à raison qu'il en avait eu quelque maniement, du vivant de son père. Les premiers soins qu'il eut ce fut d'envoyer une armée en Ecosse pour secourir la reine Marie à laquelle les Anglais avaient déclaré la guerre, parce qu'elle refusait Édouard leur Roy 1547. Il protégea les Protestants contre l'empereur et donna le commandement de ses troupes au Connétable de Montmorency lequel prit Metz, Toul et Verdun 1552. Le Duc de Guise poursuivit les conquêtes de ce Prince et les armes lui furent si heureuses qu'il prit toutes les places qui bordaient la Meuse. Le Roy passa fort avant dans le Hainaut accompagné du Duc lequel défit les Espagnols à Renty ce qui obligea l'empereur de se retirer. Son Fils voulut après sa mort tenter la prise de St Quentin 1557, mais en vain. Il fut repoussé par le Duc de Guise lequel prit Calais que les Anglais tenaient depuis 289 ans. Emporta Thionville et assiégea Luxembourg pendant lequel siège la paix fut conclue par le mariage de Philippe avec Elizabeth fille aînée de Henry. Le Roy ensuite dans un tournoi fut blessé par une éclat de lance que lui porta le Comte de Montgomery et qui le mena au tombeau, le 10 juillet 1559. Ayant vécu 40 ans 3 mois onze jours. Et régné 12 ans 4 mois, et dix jours. Il a été enseveli à St Denis, il eut de Catherine de Médicis 5 fils et 5 filles. François son aîné régna après lui, Louis Duc d'Orléans mourut en bas âge; le 3ème Charles, le 4ème Édouard qui régna sous le 'nom de Henry III, et Hercules Duc d'Alençon. Elizabeth fut mariée au Roy d’Espagne, Claude, 2ème, au Duc de Lorraine, Marguerite, 3ème, au Roy de Navarre, les 2 autres moururent jeunes. À Paris chez Boissevin.

Retranscription du texte de la gravure (Gravure de Pierre Daret ?)

Ci-dessous, Gravures et texte extrait de l'ouvrage
Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours, publié par A. Mifliez en 1835

Le costume de Henri II est riche, mais d’une gracieuse simplicité.
Il se compose d’un pourpoint à basques et d’un manteau qui l’un et l’autre sont noirs et brodés de larges galons or, expressément défendus à tous autres, mais que, comme chef de l’État, ce roi s’était réservé le droit de porter. Les trousses, rembourrées de crin, de bourre, de coton ou de laine, sont blanches avec des jets et bandes or, ainsi que l’escarcelle, qui fut en usage avant saint Louis, et qui le fut encore assez longtemps après la mort de Henri III. Les chausses ainsi que les souliers sont blancs, la toque est ornée d’un plumet blanc et de quatre rangs de perles blanches et noires.

Henri II, roi de France, fils de François Ier et de Claude de France, naquit à Saint-Germain-en-Laye le 31 mars 15i8, et monta sur le trône le 31 mars 1547, à l’âge de vingt-neuf ans.
La duchesse d’Étampes, dont le crédit s’était soutenu jusqu’à la mort de François Ier, n’avait pas dissimulé la haine que lui inspirait Diane de Poitiers, maîtresse de Henri II Celle-ci s’en vengea lorsque son amant devint roi. Il se fit un grand changement à la cour ; les ministres qui étaient en place furent renvoyés ; on rappela ceux qui étaient tombés en disgrâce sous le règne précédent. La précipitation qu’on mit dans ces mutations a été remarquée par tous les historiens, parce qu’elle offre une occasion d’accuser le monarque de s’être montré trop soumis aux désirs de la duchesse de Valentinois.
Il est incontestable cependant qu’en général les affaires furent conduites avec plus d’ordre, de suite et de vigueur. Henri II, après son couronnement, alla visiter la plupart des provinces de son royaume, afin de connaître par lui-même les abus auxquels il fallait remédier et les ressources qu’il pourrait avoir pour lutter contre l’ascendant de Charles-Quint, alors dans tout l’éclat de sa prospérité. Brave, aimé de la noblesse, Henri récompensait généreusement, ne se permettait aucune raillerie lorsqu’il était en gaieté, aucune parole offensante lorsqu’il était mécontent. Aussi fut-il toujours servi avec zèle ; et, quoiqu’on lui ait reproché d’accorder sa confiance avec trop de facilité, il resta toujours le maître entre les Guise et les Montmorency, qu’il sut employer avec un égal succès.

François Ier avait introduit les femmes à la cour : Henri II suivit l’exemple de son père ; et cet usage s’établit dans toutes les cours de l’Europe. C’est aussi de cette époque que datent les mémoires particuliers, les anecdotes politiques, et l'habitude prisé par les historiens d’attribuer les plus hautes résolutions à de petites intrigues ; sans réfléchir que les femmes, naturellement portées à exagérer leur influence dans les affaires de l’État, se donnent volontiers pour les uniques moteurs des entreprises dans lesquelles elles croient avoir quelque part.

En 1548, il y eut en Guienne des révoltes qui furent apaisées avec beaucoup de fermeté. L’année suivante, Henri déclara la guerre aux Anglais, qui refusaient de rendre Boulogne, ainsi qu’ils en étaient convenus par le dernier traité avec François Ier. La paix fut bientôt rétablie, et Boulogne revint à la France. En 1551, il s’élève entre le pape et le roi des discussions sur les duchés de Parme et de Plaisance ; les hostilités commencent en Italie ; le pape réclame l’assistance de l’empereur Charles-Quint. Le roi défend, par un édit, d’envoyer de l’argent à Rome pour les bulles, et porte en même temps une loi sévère contre les Luthériens. Brissac soutient l’honneur des armes françaises en Piémont ; le maréchal de Thermes se conduit avec habileté dans le Parmesan ; mais, comme il n’y avait point de, guerre solennellement déclarée entre l’empereur et le roi, il se fait en Italie une suspension d'armes. Toutes les pensées se tournent vers l’Allemagne, où les princes protestants venaient de former une ligue pour défendre leurs libertés. Henri s’en étant hautement déclaré le protecteur, marche à leur secours, et prend Toul, Metz et Verdun en 1552 ; mais, ayant appris que les Impériaux étaient entrés en Champagne, où ils causaient de grands ravages, il revient sur ses pas, les chasse et les poursuit jusque dans le duché de Luxembourg. Les princes protestants, profitant de l’humiliation qu’éprouve Charles-Quint par la prise de trois villes impériales, et du désir ardent qu’il montre d’en tirer vengeance, font la paix avec lui sans le consentement du roi, qui reste seul chargé du poids de la guerre.
Charles à la tête d’une nombreuse armée entre en Lorraine, et assiège Metz, dont les fortifications étaient en mauvais état ; mais François de Lorraine, duc de Guise, qui venait d’être nommé commandant de l’armée française, s’était jeté dans la ville à la tête de l’élite de la noblesse : par son courage, son activité, sa prudence, il disperse l’armée de l’empereur, le force à lever le siège, et, pour qu’il ne manque rien à sa gloire, devient le protecteur, le père des soldats que Charles avait été obligé d’abandonner en se retirant. L’empereur, croyant réparer la honte de sa défaite, pille la Picardie, prend la ville de Térouane, qu’il détruit de manière à n’en pas laisser de traces. Cette conduite barbare de Charles-Quint alluma la vengeance des Français, qui ravagèrent le Brabant, le Hainaut, le Cambrésis, et formèrent (1554) le siège de Renti. Les Impériaux livrèrent, près des murs de cette ville, un combat sanglant, dans lequel ils furent battus ; cependant le siège fut levé.

L’épuisement des puissances belligérantes amena la conclusion d’une trêve de cinq ans, signée à Vaucelles le 5 février 1556 ; mais la guerre recommença l’année suivante. Philippe II, roi d’Espagne, par l’abdication de son père Charles-Quint, envoya 40,000 hommes en Picardie. L’armée destinée à protéger cette province fut confiée au vieux connétable de Montmorency, qui fit tant de fautes que sa défaite fut prévue par son armée, avant qu’il sût s’il accepterait le combat. Aussi la bataille de Saint-Quentin (1557) fut-elle si fatale à la France, que Charles-Quint en l’apprenant demanda si les Espagnols étaient à Paris. L’infanterie française fut entièrement écrasée, l'élite de la noblesse détruite, le duc d'Enghien blessé à mort ; le connétable, l’amiral de Coligny, le comte de Montpensier et le maréchal de Saint-André furent au nombre des prisonniers.
Dans celle situation critique, Henri rappela d Italie le duc de Guise, dont les succès, joints à ceux du duc de Nevers et du maréchal de Thermes, contribuèrent à la conclusion du traité signé à Cateau-Cambresis (i559), connu depuis sous la dénomination de Paix Malheureuse, parce qu’elle occasionna, très indirectement à la vérité, la mort du monarque français.

Henri fut blessé à mort par le comte de Montgomery, capitaine de la garde écossaise, dans un tournoi donné rue Saint-Antoine, pour célébrer les mariages arrêtés à Cateau-Cambrésis, entre Philippe II et Élisabeth, fille du roi, entre Marguerite sa sœur et le duc de Savoie. Montgomery ayant rompu sa lance, oublia d’en jeter le tronçon ; il en frappa si rudement Henri, contre lequel il courait, qu’il lui creva l’œil droit. Ce prince mourut de sa blessure, le 10 juillet 1559, dans la quarante et unième année de son âge et la treizième de son règne. Comme il était second fils de François Ier, qui désirait s’acquérir des alliés en Italie, on lui avait fait épouser Catherine de Médicis, parente du pape Clément VI ; après être restée dix années sans avoir d’enfants, elle en eut dix dans le même nombre d’années ; il en restait quatre fils et trois filles à la mort de Henri II : trois fils régnèrent successivement (François II, Charles IX, Henri III) ; tous moururent sans laisser d’enfants ; ainsi s’éteignit la branche des Valois, et la couronne passa dans la maison de Bourbon.

Lire le long article sur les tournois,
qui était publié en tant que note inclue dans ce texte sur Henri II

Cette figure représente Henri II en grand costume de l’Ordre de Saint-Michel.
Cet ordre était composé de trente-six chevaliers de nom et d’armes. La décoration était un collier d’or, fait à coquilles lacées l’une avec l’autre d’un double lacs, assises sur chaînettes ou mailles d’or ; au milieu de ce collier il y avait sur un roc une image de saint Michel, pendante sur la poitrine. Le grand collier de l’ordre était formé de doubles coquilles d’or, attachées d aiguillettes rondes de soie noire, à longs ferrets d'or, liées et nouées en lacs d’amour ; au bout pendait sur l’estomac un ovale d’or, émaillé d’une terrasse, sur laquelle était l’image de saint Michel, foulant aux pieds le dragon.

Henri II change les règles de l'habillement et de la frappe des monnaies

Lire les lois somptuaires d'Henri II

Henri II réduisit à quatre le nombre des secrétaires d’Etat, qui étaient au nombre de douze depuis le régné de Charles VI, et leur attribua séparément un certain nombre de provinces, dont chacun en particulier expédiait les affaires. Ce règlement (1er avril 1547) leur donne le titre de secrétaire des commandements et finances. Henri II est le premier de nos rois qui ait honoré les maréchaux de France du titre de Cousin.

En 1548, Henri II ordonna que l’effigie du roi serait désormais empreinte sur la monnaie, au lieu de la croix trop facile à contrefaire. Ce fut sous le même règne que Nicolas Briot, tailleur général des monnaies, inventa le balancier pour la perfection de son art ; mais cette invention fut repoussée de France, et l’Angleterre seule en profita. Les Français demeurèrent attachés à l’ancienne manière de battre la monnaie jusqu’au commencement du règne de Louis XIV : le chancelier Séguier eut alors besoin de toute son autorité pour faire adopter le balancier pour cette importante fabrication. Un autre usage relatif à la monnaie s’introduisit plus facilement sous le règne de Henri IL Ce fut celui de mettre sur chaque pièce l’année de sa fabrication, et le rang que le roi, dont elle portait l’image, tenait parmi ceux de son nom. On voit cependant, sous les deux règnes précédents, quelques monnaies où le millésime est marqué. Le marc d’or valait 172 livres et celui d’argent 15 livres.

En 1555, l’évêque de Paris, autorisé par une bulle du pape, ayant voulu permettre l’usage des œufs en carême, le Parlement s'en scandalisa, et, sur le réquisitoire des gens du roi, empêcha l'exécution de la bulle du pape et du mandement de l’évêque.

Devise latine
Donec totum impleat orbem
qui pourrait se traduire par
Jusqu'à ce je remplisse le monde entier
Gravure extraite de Mémoires pour servir à l'histoire de France

.../... année 1577 / 1559

En 1547 Henry II commença de régner, au commencement de son règne il accorda le duel entre Jarnac  & la Châteigneraye  ce que beaucoup des lors interprétèrent à sinistre présage, comme il advint, car le règne de ce Roy ayant commencé par un duel, finit aussi par un duel, ce qu’on trouve longtemps devant avoir été prédit par Lucas Gauricus célèbre Math­maticien.

Ce fut en 1559 que ce Roy courant en lice dans la grande rue St. Antoine vis à vis les Tournelles et de la Bastille fut frappé à l’œil et rudement atteint d’un coup de lance par le Capitaine Lorges, Capitaine de ses gardes, ce Seigneur fut comme forcé par le Roy de courir et tirer contre lui.
Sa Majesté lui fit même bailler une lance en disant, je ne courrai plus que cette fois, c’est un coup de faveur, le Roy étant tombé du coup il fut porté aux Tournelles où il décéda onze jours après, savoir le dix Juillet, et fut la salle du festin faite une salle de deuil pour le corps mort.
les Huguenots observèrent que le Roy fut blessé mortellement vis à vis de la Bastille où étaient détenus plusieurs Conseillers. et entr’autres Anne du Bourg que le Roy avait juré qu’il verrait brûler de ses deux yeux, et lesquels le Capitaine Lorges par le commandement de Sa Majesté avait saisi.

Henri II, par la grâce de Dieu, roi de France

Gravure provenant d'un recueil de 88 gravures
de Nicolas de Clerck (actif entre 1614 et 1625)
(collection personnelle)