Gravure  de  Léopold Massard et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835 
           
         Artus de Bretagne, duc de Richemont, connétable de France, né en 1393, second fils de Jean V, duc de Bretagne, se distingua sous le règne de Charles VII par ses talents,  sa bravoure et sa fidélité.  
          Ennemi des Anglais, il les combattit avec acharnement,  parvint à les chasser de la Normandie, fit cesser les rébellions, et fut un  des meilleurs généraux et des plus grands hommes d'un règne fécond en héros. Il  fut le réformateur de la milice française, et institua les compagnies  d'ordonnance, qui ont fait longtemps la force des armées et les ont mises sur  un pied fixe.  
          Son autorité, sa fermeté, maintinrent constamment la discipline  qu'il établissait, et ce mélange d'équité et de rigueur qu'il sut apporter  dans l'exercice du pouvoir lui valut le titre de justicier.  
 Devenu duc  de Bretagne par la mort de Jean VI, son frère, et par celle de ses neveux,  François, Gilles et Pierre, il ne voulut point quitter le titre de connétable,  disant qu'il voulait honorer dans sa vieillesse une charge dont il s'était  honoré toute sa vie. Il faisait porter devant lui, dans les cérémonies publiques,  deux épées, l'une nue, comme duc de Bretagne, l’autre baissée et dans le fourreau,  comme connétable  de France. Il mourut, dans un âge avancé, à Nantes. 
   
 Son costume :  La figure que nous donnons ici, dessinée à Vannes, appartient à un portrait  d’Artus, duc de Bretagne. Ce seigneur porte un habillement de guerre, qui  paraît avoir été usité par tous les grands officiers de cette époque. C’est  aussi le même avec lequel sont représentés les ducs de Bourgogne pendant le XVe  siècle, dans un manuscrit de la bibliothèque de Vienne.  
  Son armure offre une  nouvelle preuve de ce que nous avons avancé au sujet de l’armure de Charles VII, La Hire et Poton de Xaintrailles   
  Les diverses pièces de rapport qui couvrent les jointures des membres  sont d’une forme très différente de celles que nous avons vues jusqu’à présent.  Pour la première fois, nous apercevons les gantelets recouverts de lames de  fer, tels à peu près qu’on les porta sous François Ier et plus tard.  En général, l'ajustement de l'armure, qui est passée sur une cotte de mailles,  annonce celui des armures employées postérieurement. Quoiqu'on y trouve  quelques indécisions, elle est très curieuse pour montrer comment les diverses  pièces dont elle se composait s’ajustaient et s’emmanchaient les unes sur les  autres. Plusieurs lacets et courroies indiquent comment on faisait tenir entre  elles les pièces de rapport, et comment se formaient les parties principales de  l’armure. 
  Le connétable, qui dans  l’origine n’était qu'un officier de la maison du roi, eut dans la suite le  commandement des armées ; il recevait l’investiture de sa charge par l’épée royale,  que le roi lui mettait en main, et qu’il portait dans les grandes cérémonies.  Lorsqu’une ville était prise d'assaut, ou même par capitulation, on arborait  sur les tours l'étendard de celui qui la prenait; mais si le connétable était  présent, de droit il arborait le sien. Si enfin le roi se trouvait au siège, on  plantait d’abord l’étendard royal, mais on l'enlevait bientôt pour lui  substituer celui du connétable. Le roi de France avait le même droit à l’égard  de ses vassaux, fussent-ils princes ou rois. (Daniel.) 
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